Certaines périodes entretiennent le flou. Suivre le chemin tracé ou prendre la tangente ? L'école buissonnière est souvent plus riche que marcher dans les clous. Me livrant à un cache-cache avec moi-même, de temps en temps je m'y perds. Bouffées délirantes en mode zen ou réflexions posées de manière hirsute ? Impossible de suivre mes pas ! Mes poches sont remplies de rochers. Pas un petit caillou ! Avancer d'abord le pied gauche ou le droit ? Attendre à Paris ou devancer l'appel de la nature ? Il y a plusieurs façons d'aborder le jeu de construction. Le rêve a toujours été mon réel. La persévérance force la réalité virtuelle. Comme je tire sur la corde raide, les miracles se pointent, un jour ou l'autre. Parfois une nuit. Et la boule de tomber sur le zéro, ou sur le 7, qu'importent les chiffres, 60, 70, l'important est de relancer la roulette en ayant misé sur le bon numéro. Il faut souvent s'y reprendre. Contrairement au casino, on finit par gagner, déjà d'avoir appris à jouer...


Enfants, nous vivions en appartement. Je m'en suis échappé il y a 25 ans. Sentir les saisons par la pousse des arbres, par les abeilles qui viennent butiner le sexe des plantes, par l'eau qui tombe du ciel... Ce n'est pourtant pas la nature. Le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, les pattes de qui, de quoi, me manquent. Mais ce silence reste souvent incompatible avec mon besoin de rencontrer les amis, passés ou à venir. J'aime tant les grands espaces.


Rendre la maison si accueillante qu'on y tient le registre des visites. Continuer sur la lancée. L'amplifier avec le temps qui se repaît de chacun et chacune de nous. Je pense toujours à la phrase de Cocteau : « Regardez-vous toute votre vie dans un miroir, et vous verrez la mort travailler, comme des abeilles dans une ruche de verre. » Orphée. Une salle de cinéma, évidemment ! Celle-ci est tout de même trop sommaire. Coupler le studio de musique avec une salle de spectacle. Partager le confort, la joie de vivre. Sinon, à quoi bon ?


Marché jusqu'au bac. Traversé la Loire. Emprunté des chemins. Les rendre dans les villages. Marcher. Respirer. Écouter. Humer. Goûter. Découvrir. Une, deux aspirations par le nez, apnée, une, deux expirations par le nez, apnée, ainsi de suite, à l'afghane. Le centre de Nantes est à 20 minutes en bus. J'en mets 30 pour atteindre Châtelet par la 11. Ici, dans la rue, les riverains me disent bonjour. On se croirait au Laos. Le ciel est bleu. L'océan à distance du Châtelet. Qu'est-ce que je fais ?

N.B.: j'illustre avec mes images, mais la première est de Julie Ramos, prise pendant mon séjour à Strasbourg la semaine dernière.