La batteuse Héloïse Divilly a mis en musique les poèmes de son père, Vincent Divilly. Linda Oláh les chante. Guillaume Magne les scande à la guitare électrique. C'est donc un trio, et chacune, chacun, est à sa place, indispensable, pour constituer le son du groupe YOU. Sur deux pièces, Sébastien Palis tient les synthés. À mes oreilles ça sonne rock, comme Soft Machine jusqu'au Third, et ça marche. Marche au bord de la mer, sous le vent, la nuit. On sent l'encerclement de l'île. Est-ce la Réunion où est née la compositrice ? Ou bien la mer d'Irlande d'où vient son père ? Je ne connais ni l'une ni l'autre. La langue anglaise et les rythmes laissent supposer un souffle du nord. Linda Oláh est suédoise. Dans la Baltique aussi il y a des îles, des dizaines, peut-être des centaines. Je me souviens d'Öland, j'avais 19 ans, j'étais amoureux, pour la première fois. Vingt ans plus tard, en barque avec une autre dans l'Archipel de Stockholm. Encore vingt autres années, je marche sur Utö, toujours amoureux, une troisième. Ce ne furent pas les seules, heureusement, merveilleusement. Les amours sont des îles ou des ailes, comme on voudra, comme on les aime. Il en existe des petites et des grandes. Rien d'autre qui vaille. La musique est une histoire d'amour. Perpétuelle. Répétitive. Mais chaque cycle est différent si l'on s'y applique. Pour se réinventer. Pour apprendre. Pour grandir. Pour aimer mieux. Toujours mieux. Et chaque disque est une nouvelle aventure. Une histoire d'amour, filiale ou amicale, secrète ou explicite, incroyablement magique. Parce que partagée.



→ YOU, Winds, CD Les Vibrants défricheurs, dist. InOuïes