J'avais froid. Trop tôt pour allumer la chaudière. Je ne peux pas travailler avec les mains gelées. Le studio est heureusement équipé de radiateurs électriques. On ne fait jamais passer la chauffage central dans un lieu d'enregistrement. Les sons extérieurs seraient diffusés par la tuyauterie. La nuit je me glisse sous la couette, mais le jour ? Le jour j'accumule les épaisseurs. Plus on monte dans les étages, plus il fait froid l'hiver et chaud l'été. Je pense sérieusement à faire isoler la toiture par l'extérieur ; il faudra retirer et remettre les tuiles. Après des journées bien chargées, j'avais décidé de bouquiner dans le salon. Mais j'avais froid. Alors je me suis allongé devant la cheminée. Ce n'est pas compliqué, j'ai toujours un feu tout prêt. Papier journal, brindilles, branches et bûches. Ça part tout seul. Parfois ça crépite. En 1985 nous avions enregistré le feu dans l'âtre et nous l'avions ralenti pour Les gueules cassées du disque d'Un drame musical instantané Carnage. Le label Tigersushi l'avait repris en 2003 sur le CD de sa compilation K.I.M. Miyage. Il y a un magnifique effet Döppler quand passe une voiture de police sur le boulevard Ménilmontant. Mais ici la rue est calme. S'il y a quelques portières qui claquent ou des cris d'enfants à l'heure des mamans ou des papas, j'ai surtout l'habitude du chant des oiseaux et du miaulement des chats. Bon, je n'ai pas fait tout ça pour recommencer à travailler, je voulais simplement me reposer au coin du feu. Relire quelques vers écrits hier soir.