J'ai suivi le conseil de mes chers voisins qui m'avaient suggéré de regarder la mini-série française Les papillons noirs. Ce thriller en 6 épisodes créé par Bruno Merle et Olivier Abbou tient la route, tant du point de vue scénaristique que plastique. Après des décennies de ringardise cela arrive de plus en plus souvent. Le succès international du Bureau des légendes, à condition d'éviter la cinquième et dernière saison, ou l'excellente analyse du monde politique dans Baron noir ont peut-être ouvert une brèche. De plus, les comédiens Nicolas Duvauchelle et surtout Niels Arestrup n'en font pas des tonnes. Le problème du cinéma français est en général le désir de tout expliquer dès le début, alors qu'après une demi-heure d'un thriller américain on commence seulement à comprendre de quoi il s'agit ! Les papillons noirs n'évitent pas l'écueil de la quadrature du cercle, à vouloir absolument connecter, en bout de course, tous les personnages à l'énigme, mais c'est ici un détail. L'histoire arrive également à point nommé à l'époque de la dénonciation des violences faites aux femmes.
Quant aux acteurs français, la plupart feraient bien de travailler leur texte et leur rôle à l'instar des anglo-saxons. On se croirait trop souvent au théâtre, alors qu'il est catastrophique de marteler le texte pour le rendre crédible ; ne parlons même pas des versions doublées des films étrangers, ce massacre devrait être interdit. À ce propos je ne comprends pas la médiocrité des mixages des doublages où les dialogues sont deux fois plus forts que sur les versions originales et où les effets sont laissés de côté. Lorsque ma fille fut en âge de lire des sous-titres je l'avais convaincue de regarder les films en v.o. en comparant les mixages dans les différentes langues. Mais ici la question ne se pose pas, comme lorsqu'on lit un roman francophone ; les trahisons des traducteurs sont impossibles, même s'il en est quelques un/e/s de formidables...

Les papillons noirs, mini-série en 6 épisodes sur Arte.tv
P.S.: depuis mon article la série est passée d'Arte à Netflix :-(

N.B.: Également sur Arte en accès libre, Le monde de demain, mini-série documentaire en 6 épisodes sur la genèse du groupe de rap NTM et de DJ Dee Nasty. C'est très sympa, bien interprété, de facture classique et en définitive plutôt superficiel, en tout cas pas du niveau de l'excellent Montre jamais ça à personne, le film de son frère sur Orelsan, encore 6 épisodes, diffusée sur Video Prime.