Depuis le 8 septembre, nous n'avions pas pris le temps de regarder le premier long métrage de Neil LaBute, En compagnie des hommes (à ne pas confondre avec le film d'Arnaud Desplechin, En jouant dans la compagnie des hommes). Les critiques étaient partagées entre le clan de ceux qui y voient un film misogyne et celui de ceux qui le prennent pour un brûlot féministe. Ce n'est ni l'un ni l'autre, LaBute s'en fiche, il dessine seulement un portrait lucide des hommes et de leur façon vicieuse de penser et d'agir, et comme tous ses films, il dérange. Les suivants mettront tous en scène le rapport de forces qui régit les deux sexes. Le remarquable The Shape of Things (Fausses apparences, 2003) est d'ailleurs le renversement exact de celui-ci (1997), une femme y manipulant un homme jusqu'à en faire sa chose, avec une structure du récit assez semblable. Cette fois, les têtes de chapitre sont ponctuées de percussions rituelles avec un sax free érectile. Les films de LaBute ne sont pas roses, ils sont même très noirs. La cruauté des rapports, le sadomasochisme qui les sous-tend, l'impuissance et le pouvoir sont des thèmes qui mettent forcément mal à l'aise le spectateur comme un Pasolini savait le faire. Je n'aime pas raconter un film ni le dévoiler, espérant que mes lecteurs iront le voir les yeux fermés et qu'il les leur ouvrira avec sa lame acérée de chien andalou. Il est probable que ce sont des films qui devraient plaire aux filles qui doivent chaque jour se fader la compagnie des hommes, mais il serait salutaire que les garçons apprennent aussi à se regarder dans le miroir du cinématographe. Et les rôles peuvent s'inverser !
Le film est vendu dans un coffret intitulé Le meilleur du cinéma indépendant américain du Festival de Deauville - Tome 1 (TF1 Vidéo) avec Maria pleine de grâce (plein de bonnes intentions, mais pouf pouf) et Les flambeurs (bof bof), deux films pourtant pas inintéressants, mais qui ne sont pas à la hauteur de l'œuvre d'un véritable auteur. Comme souvent avec des films qui n'ont pas su rencontrer leur public, l'affiche et surtout le slogan qui l'accompagne sont complètement idiots et ne réfléchissent pas du tout la réalité.