Du temps où n'existait en France qu'une seule chaîne, les téléspectateurs assistaient à une programmation extrêmement variée qui ne méprisait pas son public, ne reléguant pas les uns au sport et aux divertissements, les autres aux magazines d'actualité ou aux rediffusions répétitives des mêmes films. Le pouvoir ne contrôlait effectivement que les informations, laissant les dramatiques aux cinéastes souvent de gauche, communistes pour la plupart. En 1981 les socialistes prenant les rênes du pays et connaissant la puissance de la culture mettent fin à cette période faste. Mitterrand ira jusqu'à vendre La 5 à Berlusconi. La seule frontière était celle du carré blanc, logo indiquant les programmes susceptibles de choquer les enfants (nos parents étaient plus choqués par le carré blanc que par ce qu'il stigmatisait, donc on avait le droit de tout voir !). L'offre se multipliant avec l'avènement du satellite les chaînes deviennent de plus en plus spécialisées, cantonnant le public dans des cases ciblées.
En revoyant quantité d'émissions des années glorieuses de la télévision française on sera surpris de leur qualité exceptionnelle. Des cinéastes comme William Klein ou Michel Mitrani participaient au magazine de référence 5 colonnes à la une… Jean-Daniel Pollet, Ange Casta, Claude Goretta signaient des sujets incroyables de Dim Dam DomLes Shadoks passaient juste avant le Journal de 2O heures. Il faudrait absolument rééditer les films de José Maria Berzosa, Roger Leenhardt, Noël Burch, etc. Des téléastes comme Jean-Christophe Averty, Raoul Sangla, Claude Santelli… mériteraient que l'INA se bouge pour rediffuser leurs œuvres plutôt que les chaînes nationales ressassent toujours les mêmes films. L'idéal serait de dispatcher le fonds historique exceptionnel sur toutes les chaînes thématiques et généralistes, ou au pire créer une chaîne spécialisée dans la télévision du passé, du temps où elle était vraiment créative, car aujourd'hui même Arte obéit au diktat de l'audimat, réduisant considérablement ses ambitions.