Avant ou après cet article du 10 décembre 2008, rien n'a changé. Avant, l'Histoire, la préhistoire, le cryptozoïque, le phanérozoïque, le paléozïque, le mésozoïque, le cénozoïque, le tertiaire, la protohistoire, l'Antiquité, le Moyen Âge, etc. jusqu'à l'anthropocène. Mais c'est toujours la même histoire. Une crotte de nez au milieu de l'univers, et nous, les Hommes, poussières d'étoiles, si petits qu'on ne peut nous voir d'ailleurs, si éphémères que la vie s'éteint à peine a-t-elle commencé. Construire, détruire. Au delà, la matière. Un trou noir. L'arrogance. Un bras de fer avec la nature. Il suffirait d'une comète, gros caillou mal placé. Au lieu de cela, on fait monter la température. La planète a la fièvre. Ça va cramer. L'absurde règne en maîtres. On n'avait rien trouvé de pire que le capitalisme. Violence. Toujours. Pour quoi ? Comme si le bonheur pouvait s'acheter... La souffrance se moque des systèmes de repères. Déjà enfant, j'avais mal à l'homme. Partagé entre bon débarras et préservation de l'espèce. Les enfants continueront de jouer comme si de rien. Un temps. Un temps pour tout. Plus de temps du tout. Le cosmos est si minuscule au milieu de l'univers. Lignes dérisoires. Qui n'y changeront rien. Parce que c'est toujours la même histoire. Et pourtant. Pourtant nous rêvons, nous aimons, nous espérons, nous nous agitons, surprenons, ébahissons devant ce qui est grand parce que rien de petit n'existe. C'est loin ou proche. C'est tout.

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[Je me souviens] de la série réalisée par Pierre Oscar Lévy, Gabriel Turkieh et Jean-Michel Sanchez. Chaque film est construit de la même manière, longue plongée avant depuis l'objet à distance de l'œil jusqu'à pénétrer au plus profond de la matière et whiiiiiit ! On revient en arrière vitesse grand V en repassant par toutes les étapes du grossissement. Une aile de papillon, la peau de notre main, la carapace d'un crabe, un engrenage en acier, un cheveu, une dent, une fleur, un pou, un champignon, une mouche, du béton, de l'alu, du plastique, du maïs, etc., l'inventaire tient du poème lorsque se découvrent des paysages à couper le souffle. Cela me rappelle un court métrage qui fonctionnait aussi dans l'autre sens, nous faisant reculer dans les étoiles. Nous prendrions-nous pour Stephen Hawking à tenter d'unifier relativité générale et théorie des quanta ? L'exercice est séduisant. Ici la danse des atomes à portée de vue, en passant par tous les intermédiaires, toutes les échelles de grossissement, dans un mouvement fluide et ininterrompu, sans interpolation. Le rêve devient vérité, puisque c'est ce qu'on voit ! On voit tout. Du moins tout ce que caméras à haute définition et microscopes électroniques nous permettent de regarder en l'état. La "réalité" plonge dans l'inimaginable. Les 22 films, réunis en DVD sous le titre Le relief de l'invisible (Idéale Audience), montrent l'unicité et la diversité de la matière, à nous en donner le vertige. Quoi de mieux ?