70 Humeurs & opinions - décembre 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 25 décembre 2006

Une petite fantaisie pour Noël


Il est tard, 4 heures du matin, lorsque "les enfants", au terme d'une soirée familiale particulièrement réussie, me montre le Catalogue des prix d'amour de Mademoiselle Marcelle Lapompe. C'est tout à fait le genre de truc qui circule sur Internet et fait le tour de la planète francophone. Le document est trop grand pour que je le mette en illustration sur le blog. Voici donc un lien vers une copie enregistrée dans un coin discret du site.

samedi 23 décembre 2006

Prisonnier de la Toile


Quelques gouttes de rosée dans un grand vert
Ne suffiront jamais à étouffer le gris du ciel
J'ai beau râler à tort et à travers
Ses rayons dessinent un soleil

Qu'importe la météo, tous les climats apportent leurs bienfaits et leurs catastrophes. Les excès sont pernicieux. Il faut de tout pour faire un monde. Les mélanges rendent malades, mais on en ressort ragaillardi. On peut choisir son trottoir, mais pas ses nuages. Il faut tenir sa ligne, mais en accepter les zigzags. Il est un temps pour vivre, un autre pour mourir. Le tout est de ne pas se prendre les pieds dans le tapis. Passer sans bruit le col du fémur s'apprend doucement. Attendre le prédateur et fondre sur sa proie. Peut-être qu'il n'y a personne. Peut-être n'étais-je pas là. Peut-être vous n'y serez plus. Je dois lâcher du leste. Les vacances ont du bon. Dormir est une chimère. Je vais chasser le rien comme on parle à son chien. Sur le dos. Sur les fesses. Ça viendra de là-haut. Du plafond. En montagne, il y a moins de chemin à faire. Il faut que j'emporte du matériel. Relever les empreintes. Écoutez.

vendredi 22 décembre 2006

Réflexions arlequines


Mes rêves urbanistiques passent par la couleur. Pourquoi tant de grisaille, de beigeasse et de fadeur autour de nous ? Les villes ont-elles peur de montrer un visage souriant ? Il n'y a pas que les maisons. Les voitures sont aussi ternes. Ce ne sont tout de même pas les lois de l'aérodynamique qui freinent les constructeurs automobiles dans la palette des tons ? Les femmes ont toujours eu droit de se vêtir de couleurs chatoyantes, mais s'habiller en orange et rose pour un homme est-ce se distinguer outre mesure ? Chercher des slips ou des chaussettes de couleur équivaut à un marathon lorsqu'on est un garçon. Nous sommes le plus souvent condamnés à la monochromie ou à la laideur. J'ai marché des jours dans New York avant de trouver des chaussettes vives dans un magasin d'East Village et chez Century 21, une enseigne qui n'a rien à voir avec les agences immobilières de notre longitude. Certaines coutumes sont vraiment idiotes. La maison d'à côté est jaune d'or et j'adore. Jacques Demy fit repeindre Rochefort en tons pastels pour y tourner ses Demoiselles. L'île de Burano près de Venise (photo) émerveille les voyageurs qui y accostent depuis des décennies. J'aimerais faire ravaler notre façade en orange sanguine ou en rose fuchsia, comme un grand sourire au milieu de la ville. Chacune pourrait avoir sa charte de couleurs ou bien laisser faire la folie de leurs citoyens, au risque de s'entendre affubler du mot clown. Pas sérieux tout ça. La plupart d'entre nous préfèrent faire la gueule et leurs villes leur ressemblent.

dimanche 10 décembre 2006

La trêve des confiseurs


Les fêtes approchent et nous sommes nombreux qui nous en passerions bien. Les enfants et les jeunes adultes sont beaucoup plus attachés aux traditions que nous le sommes. Il suffit qu'un membre de la famille y soit sensible pour que cela déclenche automatiquement une avalanche de contraintes plus vicieuses les unes que les autres. Les "confiseurs" se frottent les mains, c'est le moment d'augmenter son chiffre.
Le pensum commence par la question des cadeaux. Si certains aiment les surprises, en faire comme en recevoir, d'autres font leur liste, adjoignant parfois adresses et tarifs. J'adore offrir, mais toute l'année, lorsqu'une occasion se présente, au gré des balades ou des événements intimes. L'anniversaire est en cela plus proche de mes convictions, chacun, chacune, pouvant devenir le héros d'un jour. À Noël, il devient difficile d'échapper à la folie consommatrice, et cela peut devenir un drame pour les foyers ou individus démunis. Il est toujours possible de confectionner un petit truc charmant avec ses dix doigts, mais là aussi cela peut devenir délirant si la "famille" est nombreuse ! Embouteillages, bousculades, inflation sont le lot du mois de décembre.
Ensuite viennent les acrobaties familiales. Les pressions de rassemblement aboutissent parfois à des rabibochages salutaires. C'est la trêve de Noël. Ces obligations sont parfois salutaires. Mais les familles recomposées, de plus en plus nombreuses, n'en traversent pas moins des drames. Il est impossible de se partager. On fait Noël chez l'un et le Jour de l'An chez l'autre, alors qu'on préférerait souvent passer du temps avec les copains. Après les cadeaux, les tractations de dates et de nombre, il reste la question du menu, et ça recommence. Obligation de s'en mettre jusque là, c'est le trop plein qui donne la mesure de la réussite de la soirée. Il faudra gérer les lendemains de fête. Et je n'évoque pas ici les vacances qu'un peuple entier semble obligé de prendre en même temps.
Pourtant, rencontrer les membres de sa famille, offrir des présents, se réjouir d'être ensemble, sont des moments privilégiés dont il serait dommage de se priver. Mais les fêtes à date fixe m'ont toujours enquiquiné, celles-ci tout autant que le 14 juillet, Pâques, Halloween ou la Saint-Valentin... Ce ne sont que manipulations de masse à but commercial sous couvert de morale sociale et de tendresse canalisée.

Illustration du Post de Norman Rockwell, 28 décembre 1940.