De temps en temps je rends service à nos voisins sans "papiers français", qui squattent un bâtiment qui appartenait à Natixis à côté de chez nous, pour des opérations bancaires qui leur sont évidemment interdites ou compliquées. Il m'est arrivé d'envoyer de l'argent par Internet parce que La Poste est hyper lente ou d'encaisser un chèque puisque, sans domicile fixe, ils ne peuvent avoir de compte à leur nom. J'ignore si la loi l'autorise ou pas, mais c'est la moindre des choses. La semaine dernière, l'un d'eux me demande de payer son visa pour le Cameroun sur le site de l'ambassade, car il n'a évidemment pas de carte de paiement. Je m'y reprends à trois fois, mais la mienne est chaque fois refusée. J'invoque la mauvaise gestion du site, mais le même problème se reproduit plus tard dans la journée pour un achat en ligne que je dois exécuter. Je laisse aussitôt un message à ma banque qui me rappelle le lendemain pour me confirmer que mon compte VISA est réactivé ! Comment cela, réactivé ? Mon interlocuteur m'explique que devant la recrudescence actuelle de fraudes sur Internet ma carte Premier a été bloquée. Sans me prévenir. Sans explication. Cela ne dépend pas de la banque, mais du centre qui gère toutes les cartes bancaires. Si je n'avais pas réagi rapidement, si j'avais été à l'étranger, si j'avais eu une affaire pressante, j'aurais été autrement plus pénalisé par cette initiative unilatérale ne dépendant, paraît-il, d'aucun mouvement étrange sur mon compte, juste une lubie de la machine gestionnaire. Heureusement que tous les préposés n'ont pas encore été remplacés par des robots !
Je me souviens de cet après-midi incroyable avec Antoine à Tallinn où nous jouions l'opéra des lapins. L'Estonie s'étant équipée tardivement a un système très moderne par rapport au reste de l'Europe : on paie tout avec la carte, même les enfants lorsqu'ils s'achètent des bonbons sur le chemin de l'école. Or ce samedi à 14h, jour où la population fait ses courses en masse, le réseau des cartes bancaires est tombé en panne. Pas moyen évidemment de retirer de l'argent liquide au distributeur puisque rien ne marche. Le pays est ainsi immobilisé pendant plusieurs heures. Nous l'avons pris en rigolant, les consommateurs obligés d'errer l'âme en peine dans les rayons sans rien pouvoir acheter ou invités à sortir se promener au soleil puisqu'il n'y a rien d'autre à faire qu'à attendre. C'est beau le progrès !