Plein le dos rassemble une sélection de 365 photographies, une par jour si vous aimez les calendriers de l'avent, ou sept chaque samedi si vous préférez aller de l'avant ! Cela n'est pas près de s'arrêter, du moins tant que la mafia des banques occupera l'Élysée. Les dos de Gilets Jaunes racontent la colère de celles et ceux qui souvent ne s'étaient pas manifesté.e.s jusque là, leurs espoirs de changement, leurs blagues. La résistance à l'exploitation semblait n'être l'apanage que du service public et des grandes entreprises. S'affichent ainsi, comme des phylactères, les témoignages, slogans, commentaires de citoyens qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois, de personnes courageuses qui se dressent contre la brutalité des CRS, les Cerveaux Rarement Sollicités comme ils sont appelés dans les commissariats. Ce gouvernement ne tient que par la force, et la manipulation électorale d'un système pseudo démocratique.
J'ignore qui a eu la géniale idée de se saisir d'un gilet jaune comme emblème de la lutte, mais c'est brillant. Le jour, la nuit. Sur les ronds-points de province ou les Champs Élysées. Aux péages ou piquets de grève... Jusqu'ici le jaune était réservé aux non-grévistes qui cassent les mouvements. On préférait le rouge ou le noir. Rien n'empêche aujourd'hui d'enfiler un gilet par dessus. Il est même recommandé de s'exprimer sur son dos, comme des graffitis. Mais dans l'épais livre de 372 pages, les photographies des dos sont en noir et blanc. Le collectif Plein le dos en a recueilli des milliers dès novembre 2018, depuis le début du mouvement. Voilà un an et demi que les Gilets Jaunes se battent contre un régime qui fait des cadeaux aux riches avec l'argent des pauvres. Qui peut être encore dupe de ces opportunistes incompétents qui siègent à l'Assemblée ? La préface des éditeurs et l'avant-propos du collectif sont clairs. En fin de volume les notes replacent les textes dorsaux dans leur contexte historique et le titre des cinquante premiers Actes est rappelé, samedi après samedi. De plus, tout est bilingue, français-anglais, de manière à ce que le mouvement soit compris à l'étranger où il a fait tant de petits. C'est un beau travail. Un travail utile à celles et ceux qui ploient sous la stupidité de celui qui leur est imposé. Tout est à revoir. À repenser. Le système s'essouffle. Le problème, c'est que la planète aussi est moribonde. Que restera-t-il de nos vies ?
J'avais pensé donner des exemples de ce que chacun.e a écrit sur son dos, et puis non, c'est l'ensemble qui fait corps. Pour une fois qu'une collection vernaculaire fait sens sans être récupérée par un photographe malin qui fait son beurre ! Cela peut se lire aussi comme on ouvre un livre d'oracles, une page, tirée au hasard, la révolution qui s'entrevoit...

Plein le dos, 365 gilets jaunes, novembre 2018 – octobre 2019, Les éditions du bout de la ville, 21cm x 21 cm / épaisseur : 2,9 cm / poids : 1,10 kg = 20€ (les bénéfices de la vente seront reversés à des caisses de solidarité avec les blessé.e.s et les inculpé.e.s.)