70 Multimedia - mai 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 30 mai 2010

Le couteau suisse de la vidéo téléchargée


Étienne m'a indiqué un lecteur multimédia permettant de regarder n'importe quel format vidéo sans ordinateur directement depuis un disque dur. Il s'agit d'un petit boîtier épais comme deux porte-feuilles, avec dedans à peine 100 euros ! Soi-disant particulièrement adaptés, les disques portables MyPassport se branchent en USB2 (ici un 640 Go rouge) et l'affaire est dans le sac, mais n'importe quel autre disque dur fonctionnerait en USB2. Ne posédant pas de matériel HD, j'ai branché le Western Digital WD TV HD Media Player en composite sur un vidéo-projecteur ou un écran télé classique (un câble avec sortie en 3 RCA est livré avec, ainsi qu'un branchement composant, mais pas de raccord HDMI pour le Full HD, paraît-il renversant). J'ai tenté vainement de me connecter à YouTube bien que je m'en fiche, il faudra donc que je me plonge dans le mode d'emploi. Une télécommande permet de surfer parmi les films, les photos ou les musiques. On peut aussi connecter directement un appareil-photo, une caméra ou quelque engin du troisième type. Ne pouvant profiter de l'image en 1080 pixels du Full HD, j'ai tout de même branché le son en optique pour une qualité exceptionnelle. Les formats reconnus sont, pour la musique, MP3, WMA, OGG, WAV/PCM/LPCM, AAC, FLAC, Dolby Digital, AIF/AIFF, MKA... Pour les images, JPEG, GIF, TIF/TIFF, BMP, PNG... Et enfin, pour la vidéo, MPEG1/2/4, WMV9, AVI (MPEG4, Xvid, AVC), H.264, MKV, MOV (MPEG4, H.264). Il lit aussi les playlists PLS, M3U, WPL et les sous-titres SRT (UTF-8). Ce n'est pas forcément aussi pratique qu'un ordinateur, mais beaucoup moins cher. Pour me convaincre, Étienne comparait ce lecteur Full HD à un VLC en hardware !

À l'écran, Chameleon Street de Wendell B. Harris Jr. (1989).

samedi 29 mai 2010

Quand le livre s'inspire des médias numériques


Ce n'était plus un secret. C'est enfin officiel. Les éditions volumiques sont en ligne, sur site, sur blog, avec force vidéos et images fixes pour illustrer de manière "parlante" le projet révolutionnaire d'Étienne Mineur (cofondateur et directeur artistique du studio de création graphique incandescence en 2000, dont le blog dédié au graphisme est incontournable et qui l'enseigne avec passion à l'ENSAD et e-Artsup à Paris ou la HEAD à Genève) et Bertrand Duplat (cofondateur du studio de création industrielle Absolut Design en 1990 et en 1993 de la société Virtools dont le logiciel 3D temps réel est une référence). Cette nouvelle maison d'édition est "dédiée au livre en papier considéré comme une nouvelle plateforme informatique mais aussi un laboratoire de recherche sur le livre, le papier et leur rapport avec les nouvelles technologies." Les premiers exemplaires annoncés pour l'automne seront forcément à tirage limité, mais on se prend à rêver en compulsant le catalogue dont les titres s'accumulent comme autant de promesses d'émerveillement : Le livre qui tourne ses pages tout seul, Le livre qui disparaît, Labyrinthe (livre à lecture combinatoire), Duckette (livre à papier réactif)...
Le jeu Pawn utilise des pions physiques que l'on pose sur l'écran de l'iPhone pour générer des dialogues en phylactères. Le téléphone portable peut aussi devenir lui-même le pion interactif d'un jeu de plateau lorsqu'on le place sur la carte des océans de Pirates, il se souvient alors de ses aventures passées. The Night of the Living Dead Pixels s'inspire directement du film "La nuit des morts-vivants" de George Andrew Romero à travers des combinatoires de pliage et l'utilisation de codes en 2D cachés dans les images pour prolonger l'aventure en générant des vidéos originales sur son téléphone portable. Plus simple technologiquement, Kernel Panic est un recueil de captures-écran de bugs informatiques, sérigraphié comme le précédent. Meeting Zombies ne sera hélas tiré qu'à 5 exemplaires signés et numérotés, mais sa lecture en volume sur pages transparentes comme Paradoxales augure de futurs développements excitants comme le reste de la collection, car tout cela coûte évidemment cher dans un premier temps alors que les deux auteurs rêvent de vendre rapidement leurs livres interactifs à des prix accessibles.
Après avoir influencé tant d'œuvres informatiques, le papier s'inspire à son tour des médias numériques pour une expérience émotionnelle et tactile offerte par les récentes découvertes. J'y suis d'autant sensible qu'il est question que j'apporte mon savoir faire sonore à certains des futurs ouvrages dont la beauté graphique ne saurait se passer dès lors que le papier bascule dans l'ère de l'audio-visuel. À l'heure des échauffourées entre les médias traditionnels et les tablettes numériques comme l'iPad, les éditions volumiques répondent astucieusement en proposant un pacte inventif entre le papier et l'ordinateur.

jeudi 20 mai 2010

Lapins aux si rodés rables


Avec les éclairages concoctés par nos amis québecois, l'opéra Nabaz'mob a des allures wagnériennes. N'y reconnaissez-vous pas Siegfied dans les Nibelungen de Fritz Lang ? Si le premier mouvement jouit de plus de lumière ("Mehr Licht !", souffle Goethe sur son lit de mort) et ressemble à une féérie de Noël, le second prend une coloration inquiétante et dramatique avec les leds rouges des cent lapins sur fond de bois de bouleaux. Le troisième est carrément kitsch, mix au matos d'un nouveau baroque où les faisceaux éclairent la meute décollant comme dans un film de science-fiction ou, pour rester chez Lang, clin d'œil à Metropolis. Du sage club du troisième âge il ne partit au début qu'un seul flash photo de désobéissance, tandis que les 360 gamins de la représentation scolaire d'hier après-midi rivalisèrent de questions drôles et pertinentes à l'issue du spectacle. Leurs accompagnateurs ne savaient plus comment les arrêter pour qu'ils remontent dans leurs autocars.


À l'extérieur du théâtre les lapins sont partout. Dans la vitrine de chaque magasin est scotchée l'affiche de la 26ème édition du FIMAV. Dans les rues flottent des banderoles et des oriflammes tandis que des pancartes invitent à la fête sur tous les grands axes de Victoriaville. Michel Levasseur nous offre à chacun un beau T-shirt, devinez avec quoi dessus ? Pas d'erreur, nos bestioles se reproduisent comme des folles.
Après avoir installé Mascarade qui ce soir tiendra lieu de première partie à Nabaz'mob, nous dînons de viande fumée de bison et wapiti accompagnée de chips maison croquantes et de frites en spirale saupoudrées de sel et vinaigre. Cet intéressant condiment est, paraît-il, uniquement achetable à la boutique vidéo Super Choix ! Pour le dessert je commande une glace au yoghourt frite, nappée de confiture de bleuets appelés chez nous myrtilles. En rentrant à l'hôtel, nous croisons un nombre hallucinant de voitures de sport décapotables et autres bolides de luxe qui contrastent avec l'odeur de purin que le vent porte de temps en temps. Certaines automobiles sont équipées d'un déflecteur à mouches, bande de plastique noire se fixant sur le capot avant. Notre clapier complète ce sacré bestiaire !

dimanche 2 mai 2010

La mutation d'une ville


Tôt ce matin j'ai grimpé sur une échelle pour photographier les huit planches d'un classique de l'illustration daté de 1976 que j'avais étalées par terre. Chaque planche de 85x31cm de La pelle mécanique ou La mutation d'une ville montre les changements architecturaux d'un quartier de 1953 à 1976 tels qu'imaginés par Jörg Müller à partir de 800 diapositives réalisées à Hanovre, Zurich, Bienne, etc. L'étude urbanistique qui traverse les saisons met en scène une foule de petites scènes anecdotiques offrant au lecteur une forme originale de bande dessinée où l'enfant peut découvrir comment la vie des habitants suit celle de leur ville. Au fur et à mesure des années, les travaux s'accélèrent, une ligne de métro est creusée et un échangeur d'autoroute finit par tout envahir à l'exception d'une maison typique transformée en Grill Corner. Ce sont évidemment les innombrables détails qui donnent tout son piment à l'entreprise, souvent critiques, tendres ou amusants, là où ma photo ne fait que survoler le plan moins bien que Google Earth !
L'idée m'est venue lorsque Marie-Laure m'a appelé hier soir pour savoir si je pouvais lui prêter quelques ouvrages ayant trait à la ville. Elle cherchait les films Metropolis, L'homme à la caméra, West Side Story, Play Time, et la musique de Gershwin, Un Américain à Paris, où l'on entend quatre klaxons de taxis parisiens. Je lui conseillai également les CD City Life de Steve Reich, Fenêtres sur villes de Louis Dandrel, le magnifique coffret sur l'avant-garde russe où figurent entre autres la Symphonie du Dombass de Dziga Vertov et la Symphonie de sirènes d'Arseny Avraamov, ainsi qu'une bande dessinée sur l'architecture éditée par l'ESA. Pouvoir répondre à mes amis à la recherche de tel ou tel document justifie le temps passé à accumuler tous ces trésors. Mes archives que j'assimile à des instruments prennent ainsi tout leur sens.