70 Multimedia - décembre 2014 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 23 décembre 2014

Codex Seraphinianus


En me promenant sur le Net je suis tombé par hasard sur un livre étrange, écrit dans une langue calligraphique intraduisible, illustré de dessins totalement déjantés. J'avais déjà vu la double page du couple se transformant en crocodile, mais le PDF m'a instantanément donné envie d'acquérir l'objet malgré son prix coûteux. L'original du Codex Seraphinianus publié en 1981 par l'éditeur Franco Maria Ricci est inabordable, mais en cherchant bien j'ai trouvé en Grande-Bretagne une très belle édition américaine récente de 370 pages chez Rizzoli, somptueusement reliée et imprimée sur un papier extrêmement agréable au toucher pour 74 euros port inclus. Le texte étant indéchiffrable, un petit fascicule intitulé Decodex et signé de l'auteur est glissé dans la jaquette. Ce sont les seules informations de ou sur Luigi Serafini, la double page où l'on reconnaîtra quelques mots français, portrait esquissé d'Albertine dans La recherche du temps perdu, ne nous apportant pas plus de lumière.


Une petite recherche nous apprend néanmoins que Luigi Serafini est un artiste italien né en 1949, architecte et designer, auteur également de peintures, sculptures et installations (extrait 1 - extrait 2 - Photo). Il est entre autres professeur à l'École d'art Futurarium de Milan, enseignement axé sur les mots et les concepts plutôt que sur les matériaux. Il travailla avec le groupe de design Memphis d'Ettore Sottsass, sur le film La Voce della Luna de Fellini, à la Scala et au Piccolo Teatro di Milano parallèlement aux quatre ans qu'il passa à dessiner son codex. Aujourd'hui il continue à illustrer des livres d'art.


Roland Barthes fut pressenti pour la préface de l'édition originale, mais sa mort prématurée le fit remplacer par Italo Calvino. Dans son œuvre où les métamorphoses sont toujours imprévisibles on reconnaît évidemment l'influence de Jérôme Bosch, et celle qu'il exerça lui-même sur le dessinateur Moebius, le chorégraphe Philippe Decouflé et bien d'autres, auteurs de science-fiction en particulier.


Car le Codex Seraphinianus est "une sorte d'encyclopédie extraterrestre composée de onze chapitres traitant de la nature, des hommes, des minéraux, des mathématiques, de l'architecture et de l’écriture". Si la mescaline a ouvert certaines perspectives à Serafini, il a toujours réfuté son efficacité au moment de dessiner !

mardi 9 décembre 2014

Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypales


Évitant de m'y prendre au dernier moment, j'ai déjà fait presque tous mes achats de Noël. Plusieurs membres de la famille étant attachés à ces traditions et quitte à engraisser les commerçants, je choisis de faire des cadeaux qui font sens. Le présent est toujours un pont entre deux personnes. Comment faire plaisir tout en ouvrant des portes ou repoussant les murs de nos espaces désirants ? Je me creuse, arpente les boutiques et l'écran. Sûr de mon choix, il m'est arrivé de faire deux fois le même cadeau à la même personne. La honte, mais aussi la certitude que c'était bien visé ! Flânant dans les librairies je vois nombre de bouquins qui me font envie. Il est probable que je n'offre d'ailleurs que des choses que j'aurais aimé qu'on m'offrisse. Du moins, si j'étais une jeune fille, une vieille dame ou un enfant ! De temps en temps je craque et je me fais un cadeau de Noël. Ces derniers temps j'ai ainsi acquis des petites enceintes Bluetooth autonomes intégrant un lecteur de mini-carte USB (parfaites pour une installation, par exemple), un assortiment de chaussettes de toutes les couleurs, des casseroles à fond de pierre et un gros livre illustré que j'avais offert à une amie et qui me faisait envie depuis.
Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypales est un guide de 800 pages destiné "aux thérapeutes, aux artistes, aux historiens de l'art et à tous les explorateurs de la vie intérieure" ! Cette plongée encyclopédique fouille les origines du sens que revêtent objets, entités vivantes et concepts existentiels. Des onglets marquent les grands chapitres : création et cosmos, le monde végétal, le monde animal, le monde humain, le monde spirituel. Le choix des images est superbe et les 350 essais nous apprennent quantité de choses oubliées que l'actualité occulte au détriment d'un savoir ancestral composé d'étymologie, de paradoxes, de jeux d'opposition et de voyages dans les terres lointaines. La psychologie, l’art, la religion, la littérature, la mythologie comparée alimentent ma curiosité. Cette somme où chaque article se lit comme un roman enrichit ma collection de dictionnaires, ouvertures sous des angles nouveaux des sujets qui m'occupent.

Le livre des symboles, ed. Taschen, 29,99 €

lundi 1 décembre 2014

Boum! esquissé au Salon du Livre de Jeunesse de Montreuil


Mikaël Cixous a conçu et réalisé Boum! (ex-Au boulot), roman graphique pour iPad dont je crée la partition sonore au fur et à mesure que les images me parviennent. C'est dire que je passe mon temps à revenir sur mes pas. Le son transforme le sens des images sans paroles en ouvrant la porte à des interprétations que nous n'avions pas toujours prévues. Work in progress, il ne sera terminé que le 1er avril, ce n'est pas une blague ! Il a reçu la Bourse Pollen du Livre de Jeunesse de Montreuil, raison pour laquelle nous le présentons aujourd'hui en l'état à un public de professionnels. On feuillette Boum! de gauche à droite, mais rien n'interdit de revenir en arrière. Comme pour les trois précédentes œuvres éditées par Les Inéditeurs, sa couverture sera interactive, mais nous n'avons pas encore la moindre idée de ce que ce sera.


Mon roman augmenté USA 1968 deux enfants était précédé d'un light-show avec un juke-box permettant à chaque utilisateur de recomposer aléatoirement le psychédélisme de ces années d'or en suivant la musique. L'oracle DigDeep de Sonia Cruchon, qui vient de sortir, commence par une plongée vertigineuse qui transforme la musique par les inclinaisons de la tablette. La boîte à papillons de La machine à rêves de Leonardo da Vinci, commande de La Cité des Sciences et de l'Industrie, offrait de choisir à quel rêve nous allions donner naissance pour découvrir le travail de Nicolas Clauss et moi-même, petits papiers sonorisés par un ensemble à cordes tombant dans une fente sur le bord de l'iPad. Sonia, Mikaël et moi avons participé à toutes ses aventures. Nicolas Buquet avait programmé Leonardo, relayé par Mathias Franck pour la suite.
La photographie et l'extrait vidéo ont été réalisés par les Designers Interactifs lors de la présentation des Inéditeurs à *di*/zaïn 18 décentralisé à l’Imaginarium de Tourcoing le 20 novembre dernier.