70 Multimedia - novembre 2020 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 4 novembre 2020

Double vue par Henri et Pablo Cueco

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Le père et le fils ont une plume. Henri Cueco peignait, Pablo Cueco est musicien. Le père avait été l'un des animateurs de la célèbre émission de France Culture, Les papous dans la tête. Je connaissais la prose imagée du fils pour avoir œuvré dix ans avec lui dans le Journal des Allumés du Jazz. Nous avons aussi croisé le faire musical sur scène et sur galette, et j'avais chroniqué en 2018 son savoureux ouvrage sur les comptoirs du 3e arrondissement parisien. A part cela, il faut bien reconnaître que le zarb est le seul instrument à rimer avec barbe, que Pablo entretient comme un jardin.
Bagnoletais, je me souvenais que le plasticien y avait cofondé la Coopérative des Malassis avant que je m'y installe. Georges Aperghis y dirigera l'ATEM, et puis tout disparut, comme les Rencontres chorégraphiques et Lutherie Urbaine. Les incultes nous le font bien sentir aussi à l'échelon national, en cette période aussi absurde que cyniquement organisée, la culture ne serait pas de première nécessité. Méfions-nous de plus belle ! L'art est le dernier rempart contre la barbarie. Quel sort les laquais des banques nous réservent-ils ?

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C'est une autre histoire de banlieue que les Cueco nous content, chacun de son point de vue, Papa avec Le gang des petits vélos, Fiston avec Vol dans la nuit. Le vol à l'arraché est suivi de part et d'autre de petits textes socio-politiques toujours teintés d'humour, là encore en fausse symétrie : le 11 septembre 2001, les manifs... Il suffit de retourner le petit fascicule en champ/contrechamp pour apprécier à quoi tient la mémoire de chacun. Ce délicat hommage d'un fils à son père se lit facilement, comme des bulles de savon irisées dans la nuit désertée, interdite. Tel Henri, tel Pablo, ça se déguste pourtant accompagné...

→ Henri Cueco & Pablo Cueco, Double vue, Qupé éditions, 7€

mardi 3 novembre 2020

Faut pas prendre les cons pour des gens


En cette période où sur la Terre règne l'absurde, télécommandé par une bande de mafieux cyniques en cols blancs, j'en cherche des échos dans les livres, au cinéma, dans la rue, jusque dans mon propre cerveau.
Jean Rochard m'a signalé deux excellentes bandes dessinées d'Emmanuel Reuzé avec l'appui de Nicolas Rouhaud pour certains scénarios. Les deux volumes aux dessins précis de Faut pas prendre les cons pour des gens sont des petits bijoux d'humour grinçant s'appuyant sur notre monde qui marche sur la tête. Renversant l'actualité sociale, Reuzé et Rouhaud retrouvent le bon sens. Jamais l'éditeur Fluide Glacial n'aura si bien mérité son nom ! Censure des bien pensants, caisses automatiques, flicage généralisé, systèmes de santé et d'éducation dans les choux, intelligence artificielle, expulsions arbitraires, terroristes endoctrinés, robotisation, sexisme, pollution, etc., rien ne résiste à leur humour dynamite. Ils nous aident à réfléchir, une activité en berne par les temps qui courent. La plus brechtienne de toutes les BD sorties depuis longtemps !

N.B.: Ne vous trompez pas de pourvoyeur de livres en commandant les 2 tomes, et réclamez la réouverture des librairies, des disquaires et des petits commerces de proximité !