La Mission Jazz 93 organise sa saison 2006-2007 sur le thème de l?électro. Des ateliers pédagogiques aboutiront à cinq créations dirigées par Paul Brousseau, Yves Robert, Michel Benita, Guillaume Orti & Olivier Sens, et par moi-même.
J?ai rencontré hier les professeurs du conservatoire de Pavillon-sous-Bois et des écoles de musique de Romainville et des Lilas qui m?aident à organiser l?un des ces projets pédagogiques. Je ne m'intéresse pas à l'électro en tant que style ou mode, mais telle une collection d?outils. L?atelier est ouvert à tous les élèves. Je me suis proposé d?aller à la rencontre de leurs désirs plutôt que de leur imposer une partition finie qu?ils n?auraient plus qu?à interpréter. La structure définitive de l??uvre dépend du nombre des participants et de leur instrumentation. Comme les journées de stage sont peu nombreuses, l?aide des professeurs Guilhem André, Julio Laks, Patrice Mazières et Bernard Michel sera déterminante.
Premier contact, je compte présenter mon travail un peu comme j?ai l?habitude de le faire dans les écoles d?art ou de multimédia, puis d?écouter ceux et celles que j?aurais réussi à séduire. Suivront deux séances de travail déterminantes qui aboutiront à un enregistrement discographique et à un concert, le Triton étant de la partie.
Le spectacle Électrofication s?élabore autour d?images interactives projetées sur grand écran (Pixel by Pixel, Big Bang?) et par l?utilisation d?effets électroniques en temps réel transformant tant le son que le jeu des improvisateurs. Cette approche offre également de programmer des modules musicaux interactifs originaux (La Pâte à Son, FluxTune) pour ouvrir de nouveaux horizons à la composition. L?ensemble s?articule donc autour d?un travail de soliste « électrofié », de la programmation de machines musicales et de jeu en imitation pour les humaniser. Il y est question des relations anthropomorphiques entre l?homme et la machine.
Mais ce n?est que la première partie de la soirée. La création commandée par la Mission 93 sera suivie d?une autre, celle-ci avec les nouveaux Somnambules composés d?Étienne Brunet (sax alto, cornemuse, ring modulator), Éric Échampard (batterie, électro), Nicolas Clauss (images interactives sur grand écran) et de moi-même (machines, trompette à anche).


Je partage depuis trente ans avec Étienne le goût des histoires à dormir debout et des musiques innommables. J?écris aussi dans les Allumés comme il rédige sa rubrique Petite Fleur Électronique chaque mois dans Jazz magazine. Il y a cinq ans nous avons fait un concert pour casques en trio avec son fils Léo à la gameboy ! Bien que tous les deux aimions bien jouer les empêcheurs de tourner en rond, la quadrature du cercle est impossible, même avec la rythmique lyrique d?Éric Échampard. En 2003, lors des Rencontres d?Arles de la Photographie, nous avons tenue la scène pendant plus de trois heures sans que je ne pense jamais à Éric comme à un batteur mais comme un musicien ! Quant à Nicolas Clauss, il n?est pas nécessaire que je présente ici un de mes historiques alter ego, un frère. Il manipulera images et sons avec une simple souris, loin de toute technoïdicité. Le quartet, se jouant du modernisme comme des archaïsmes, présentera un spectacle audiovisuel inédit autour de courtes pièces aussi variées qu?inattendues. Je ne joue plus très souvent à Paris que vous méritiez de manquer le 3 mai prochain, alors notez dores et déjà cette date sur vos calendriers...

Photo du Placard : Syvie Astié