Avant le spectacle de jeudi dernier, Linda Edsjö fait une incantation à la pluie qui menace. Ça marche ! Les hallebardes ne dégringoleront que vers deux heures du matin, lorsque nous aurons rangé le marimba, les clarinettes, mes instruments en carton et le matériel électronique qui craignent l'eau. Tuiles : la bâche qui protège la table de mixage contre l'humidité bloque les potentiomètres et le moniteur reste éteint au lieu de reproduire les images projetées. Seule solution : tout contrôler avec le volume du master et se tordre le cou pour surveiller la projection de 9x9 mètres. Gros succès. Olivier Koechlin a pris une photo-souvenir de notre duo. Les anches d'Antonin-Tri Hoang cisèlent les quinze séquences du Prix Découverte qui s'enchaînent sans temps mort...


À côté de lui, je change d'instrument toutes les deux minutes sans me prendre les pieds dans le tapis. Sur mon établi de chirurgien je les ai disposés de façon chronologique et j'ai répété les passages de l'un à l'autre. Entr'acte. Comme c'était prévisible Elliott Erwitt commente ses photographies avec un trait d'humour sur chacune. Linda structure le temps et l'espace avec ses claviers de percussion, tandis qu'Antonin et moi venons de temps en temps en renfort avec la clarinette et le sax, la flûte et la trompette. Très présents, le marimba et le vibraphone n'empêchent jamais la compréhension du texte tout en suggérant des humeurs tendres, graves ou comiques.


Lorsque nous terminons de ranger, le public a disparu de l'amphithéâtre antique. Drôle de sensation d'espérer nous en être bien sortis quand les compliments attendront le lendemain. La musique en direct donne du relief à l'ensemble des Soirées. À l'avenir j'aimerais pouvoir tout sonoriser ainsi, avec des improvisateurs aussi zélés, capables de rattraper n'importe quelle situation. Tout est évidemment préparé pour pouvoir jouer ensuite confortablement, quels que soient les aléas du live.


Les trois réalisateurs, François Girard dit Gila, Valéry Faidherbe et Olivier Koechlin (au centre) qui dirige l'équipe de Coïncidence ont bien mérité leurs bières, commandées tard dans la nuit Place du Forum. Linda, Antonin et moi rencontrons enfin Elliott Erwitt avec qui nous avons joué sans aucune concertation préalable. Il est plus de quatre heures du matin lorsque je m'endors.