J'ai réalisé une création musicale pour le voyage d'Arles vers Salin-de-Giraud plutôt excitante. S'y tient pour la première fois ce soir la Nuit de l'Année, une quinzaine d'écrans disséminés dans le village situé à quarante kilomètres du centre d'Arles. J'ai donc enregistré un programme de cinquante-deux minutes composé de pièces originales et d'ambiances provençales, soit un bestiaire figurant, entre autres, flamands roses, manade de taureaux et chevaux, grillons, oiseaux de nuit et le terrible moustique arlésien qui attaque au crépuscule pour peu que l'on ait oublié de s'enduire d'un produit monstrueusement toxique (Insect Écran pour zones infestées est l'un des rares efficaces) ! La musique se devait d'être sobre : marimba, Array mbira, Cristal Baschet, Glassarmonica, cloches de verre jouées à l'archet, piano préparé, sans oublier les guitares en clin d'œil aux gitans de Camargue. Ayant composé ce dynamique nocturne en imaginant que les sons du CD se mêleront au moteur du car et aux conversations des passagers, j'ai favorisé les animaux dans le mixage, moins faciles à identifier que la musique au milieu du bruit ambiant. Quelques surprises sont venues s'y glisser, mais je ne les dévoilerai évidemment pas avant ce soir ! L'ensemble constitue une création radiophonique qui rappellera à beaucoup dans son concept la Music for Airports de Brian Eno en 1978, mais qui fait également référence à mon projet Création par les sons d'espaces imaginaires créé la même année et sous-titré "une métamorphose critique d'un espace livré à l'illusion"... Les douze cars feront la navette jusque tard dans la nuit, mais la partition ne sera jouée qu'à l'aller.

N.B.: comme chaque année l'identité graphique des Rencontres est dûe à Michel Bouvet, cette fois un cygne blanc pour le thème Arles in Black. Coïncidence amusante, Michel et moi avons découvert il y a seulement deux ans que nous étions cousins, nos grands-pères maternels, Gérald et Roland, étant frères ! Nous nous sommes trouvés ensuite plus d'un point commun, d'autant qu'il n'y eut pas tant d'artistes dans la famille... Merci à Tata Arlette, plasticienne toujours en activité à 88 ans, d'avoir fait le joint !