En illustrant la pochette de son nouvel album Mechanics avec un dessin de François Schuiten, le saxophoniste-clarinettiste Sylvain Rifflet pointe son travail d'architecte, mécanicien du temps obnubilé par une horlogerie démente que la virtuosité des musiciens d'aujourd'hui rend enfin accessible. Ses musiciens font swinguer cette petite mécanique bien réglée en choisissant des timbres et des modes de jeu qui rappellent les roues dentées, les ressorts spiraux et les cliquets avec pour remontoir la platine du CD qui le passe et repasse jour après jour. Déjà présents sur les albums Alphabet et Perpetual Motion le percussionniste Benjamin Flament façonne ses métaux en orfèvre, le flûtiste Jocelyn Mienniel fait vibrer sa kalimba lorsqu'il ne slape ni ne flatterzunge, le guitariste Philippe Gordiani pince ses cordes comme des aiguilles tandis que Sylvain Rifflet s'est confectionné une boîte à musique à sa mesure.


Rifflet réussit à ranimer la musique répétitive des minimalistes américains en insufflant un jazz aux accents de musique française qui oscille entre une exubérance joviale et une nostalgie tournée vers le futur. Son adaptation pour saxophone ténor de Tout dit de la chanteuse Camille est une petite merveille comme ses interprétations de Moondog et ses compositions qui le font se tortiller sur scène d'un pied sur l'autre. Ici souffler c'est bien joué !

→ Sylvain Rifflet, CD Mechanics, Jazz Village, dist. Harmonia Mundi