Décidément ça explose dans tous les sens ! Les jeunes musiciens ont la rage. Qu'ils soient sereins ou excités selon les pièces ils tranchent d'avec leurs aînés empêtrés dans leur amour dévot pour le jazz américain. Comme pour les exilés de tous les continents, les frontières de style ne veulent plus dire grand chose quand il s'agit de vivre. Au lieu de poireauter dans un couloir sans fenêtres ils arpentent toutes les pièces avec un bagage incroyable, amoureux de toutes les musiques, qu'elles soient classique, pop, punk, jazz ou innommable. Il n'empêche que les instrumentistes doivent tout de même au jazz leur liberté d'improvisation. Il aura fallu tant d'arabesques, de variations tricotées autour du thème, il aura fallu la révolution du free jazz et le groove du funk pour que s'épanouisse cette nouvelle génération de voyageurs. Les recherches de la musique contemporaine ont également éclairé leur chemin, donnant naissance à des généralistes dont les spécialités ne sont qu'accessoires, costumes et décors.


Le trio Hermia Ceccaldi Darrifourcq est de cette trempe. Ils sortent un album riche en timbres, rythmes et mélodies hirsutes sur le label anglais Babel, montrant aussi que l'humour est une affaire grave lorsqu'ils détruisent l'horloge sans casser le tempo. Le saxophoniste Manuel Hermia, le violoncelliste Valentin Ceccaldi et le percussionniste Sylvain Darrifourcq jouent une musique de groupe où la solidarité s'exprime sans fard. Et lorsqu'il lance les dés, ils aiment les voir se fendre parce que le hasard fait partie du jeu et que leurs gestes sont dictés par des forces inconscientes que seul leur art canalise.

→ Hermia Ceccaldi Darrifourcq, God at The Casino, cd Label Babel