Dans le tiré-à-part limité à 100 exemplaires qui accompagne Pérélandra, l'un des deux albums d'Emmanuelle Parrenin publiés par Le Souffle Continu à l'occasion du Disquaire Day, figurent trois dessins inédits de Berberian. La musicienne et le dessinateur le dédicaceront demain soir samedi à la boutique du label, 20-22 rue Gerbier dans le 11e, près du Père-Lachaise, après les show-cases de 18h et 20h. Mais les collectionneurs n'attendront probablement pas le soir pour acquérir la réédition de Maison Rose, album clef de 1977. Car demain entre 500 et 600 albums différents seront mis en vente le temps de ce samedi 22 avril, les amateurs et les spéculateurs se ruant comme des rapaces sur ces vinyles rares et inédits. Théo et Bernard qui dirigent le label et tiennent le magasin du Souffle Continu n'ont commandé ni Johnny ni Madonna, mais une centaine de références qui correspondent à leurs goûts comme ce superbe coffret inédit de Thelonious Monk édité par Sam Records, musique des Liaisons dangereuses avec Barney Willen au ténor en 1959, photographies et présentation exceptionnelles.
De son côté, le label du Souffle Continu publie donc une réédition de Maison Rose (la galette est tout aussi rose) et l'inédit Pérélandra (celle-là est verte comme les feuilles des arbres). Dans le premier la voix d'Emmanuelle Parrenin glisse sur un sillon de cristal, des chansons modales dont la fragilité rappelle Barbara ou Brigitte Fontaine avec un accompagnement qui sonne parfois comme Nico. Elle s'accompagne à la vielle à roue, à l'épinette des Vosges, au dulcimer pour interpréter une sorte de folk psychédélique avec Bruno Menny aux percussions, Didier Malherbe à la flûte, Yan Vagh et Denis Gasser à la guitare, la chanteuse Doatéa Bensusan... À ses débuts elle avait chanté avec les groupes Mélusine et Gentiane, puis avec Vincent Segal, Dan Ar Braz, Alan Stivell et plus récemment Étienne Jaumet ou Pierre Bastien. Ses collectages de chansons traditionnelles en zone rurale croisent son travail de danseuse contemporaine, en particulier dans la troupe de Carolyn Carlson. Sa surdité vaincue après un grave accident lui font inventer la maïeuphonie, musico-thérapie basée sur la résonance qu'elle pratique par exemple avec des enfants autistes. Le tiré-à-part raconte son parcours magique où l'ayahuasca la libère de ses démons. Tout ce qu'elle touche possède une légèreté qui donne à la vie son énigmatique tendresse. Elle a signé la plupart des morceaux de Maison Rose et les arrangements avec Menny, mais Plume blanche, plume noire est du à Jean-Claude Vannier... Pour le côté expérimental j'ai pensé à Illuminations, l'incroyable disque de Buffy Sainte-Marie.
C'est cet aspect qui est privilégié sur Pérélandra, compilation de bandes enregistrées entre 1978 et 1982 pour des spectacles chorégraphiques, auxquelles participaient le bandéoniste Juan José Mosalini, le saxophoniste-flûtiste Didier Malherbe, le guitariste Yan Vagh, la chanteuse Doatéa Bensusan, le pianiste Jacques Denjean. Bruno Menny s'y livre à des traitements électro-acoustiques qui soulignent l'aspect expérimental de ce folk renaissant. Cet album inédit, essentiellement instrumental, complète merveilleusement le premier. En 2011 Emmanuelle Parrenin avait sorti son second album officiel, Maison Cube, en collaboration avec Flóp et Les Disques Bien. Attention, la particularité des albums du Disquaire Day est de ne pas être réédités après épuisement !

→ Emmanuelle Parrenin, Maison Rose, réédition du Souffle Continu Records, remasterisée à partir des bandes originales, 33 tours vinyle rose, 23€
→ Emmanuelle Parrenin, Pérélandra, inédit, Le Souffle Continu Records, 45 tours 30 cm vinyle vert, 20€