En juin dernier j'avais adoré écouter au casque l'album Modo Avião de Lucas Santtana paru sur le label Nø Førmat, d'autant qu'il avait été enregistré en mode binaural. En gros il s'agit de spatialiser les sons dans un univers 3D, soit de repérer leur position, pas seulement en stéréo gauche-droite, mais aussi derrière, au dessus, en dessous, etc. Pour cela on utilise des filtres et plusieurs micros. L'effet n'est évidemment perceptible qu'à l'écoute au casque.
L'ingénieur du son Bernard Lagnel s'en est fait une spécialité et son site Internet, Le son binaural, est particulièrement documenté sur le sujet. Il utilise en général le système Plug & Rec composé de deux DPA 4060 logés dans ses oreilles et d'un couple XY Schoeps.
Longtemps j'ai accroché deux petits micros au dessus de mes oreilles comme le fait toujours Amandine Casadamont avec qui je joue par ailleurs au sein de notre duo, Harpon. L'effet est magique, mais pas aussi bluffant que le système binaural utilisé par exemple par Lagnel.
Récemment il a enregistré Spat'sonore dont la configuration des sources instrumentales dans l'espace avec sa forêt de pavillons est particulièrement adaptée à la restitution binaurale. Ainsi j'ai le plaisir de découvrir I pirati a Palermu chanté par Elsa Birgé qu'accompagne Spat'sonore lors du concert du 4 mai dernier à l'Église Saint Merri. Lagnel a également enregistré la veille une répétition du karaoké bruitiste avec une quarantaine d'amateurs et les musiciens de Spat' pour la création de Les jardins à la française (ne supportent pas l'orage) d'Elsa Biston et Nicolas Chedmail, pièce en «partition défilante» à laquelle j'ai participé. On m'y entend d'ailleurs aider à régler les vidéoprojecteurs et donner des conseils aux amateurs !
En février j'avais aussi évoqué le film en 360° avec Spat'sonore et Elsa tourné par l'audioprothésiste Nicolas Sadoc, preuve que les représentations acoustiques en 3D de cet ensemble titillent les acousticiens autant que le public.