70 Pratique - juin 2015 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 29 juin 2015

Racket éclair


Puisque l'on rit souvent de ses mésaventures passées, autant sauter les étapes aussi vite que possible ! Encore faut-il en avoir les moyens... La leçon m'a coûté 200 euros, mais j'ai appris la différence entre les différentes zones de livraison. Je pensais que l'on pouvait y garer sa voiture tous les jours entre 20h et 7h ainsi que les dimanches et les jours fériés. Or cette règle n'est valable que si la ligne au sol est pointillée. En cas de double ligne continue on risque tout simplement une mise à la fourrière.
Cela m'est arrivé alors que j'étais chargé de bagages, dans une petite rue sans aucun commerce à proximité. La vitesse de la manœuvre est redoutable. Les pandores sont passés avec la dépanneuse à 21h24 dans le sixième arrondissement et la Kangoo était à la fourrière Charlety près de la Porte de Gentilly à 21h50. Sur les 150 euros de transport j'ignore combien revient à l'État et combien à la société d'enlèvement, mais c'est une affaire rondement menée. Récupérer sa voiture va également très vite. Il suffit de passer un coup de fil à la fourrière et l'on vous répond illico que votre voiture a bien été enlevée. On passe à la caisse et nous voilà repartis vers de nouvelles aventures ! Il est encore possible que je reçoive en plus une amende de 35 euros.
Dans le sous-sol où sont parquées les automobiles, dont certaines hyper chères, il est ahurissant de voir combien sont recouvertes de tant de poussière qu'il n'y a plus de frontière entre le pare-brise et la carrosserie. Peut-être leurs propriétaires ont-ils préféré racheter une voiture plutôt que payer 25 euros par jour de frais de garde ? En discutant avec la préposée nous apprenons que l'amende, faisant partie des impôts indirects qui touchent les pauvres plus durement que les riches et qui représentent 60% des recettes fiscales de l’État, a été augmentée en début d'année et que toutes les autres contraventions seront très bientôt majorées. À défaut de taxer les banques et les grosses fortunes, il faut bien renflouer les caisses en faisant cracher la populace !
Alors, de même que par économie je préfère envoyer directement des sous à l'État plutôt que de glisser de l'argent dans le parc-mètre, en rentrant je m'offre quelques infractions au code de la route, histoire de rentabiliser la douloureuse, en criant à la cantonade "c'est offert par la maison Poulaga, j'emmerde la maréchaussée..."

mercredi 10 juin 2015

Uber à l'aise


Depuis un mois j'ai eu recours plusieurs fois à Uber pour me déplacer. C'est un système de taxi dérégularisé qui concurrence redoutablement les taxis traditionnels. Il suffit de télécharger l'application sur son smartphone, donner son numéro de carte bleue une fois pour toutes et le tour est joué. À l'allumage l'appli vous localise et inscrit à combien de temps est la première voiture disponible. On commande. Le chauffeur est instantanément joignable par SMS ou téléphone. Vous pouvez suivre sa progression sur le plan. Il vous appelle lorsqu'il est à proximité. Le compteur ne fonctionne qu'à la prise en charge. Rien à payer sur le moment. Inutile d'avoir le moindre sou en poche ou de carte de paiement. Vous recevez la note sur votre mail ou sur l'appli dans les quelques minutes qui suivent.
Il existe différentes formules : UberX est un peu en dessous du tarif des taxis traditionnels, mais UberPop qui permet à des non-professionnels d'arrondir leur fin de mois est à moitié prix ! Uber Pool permet de partager une voiture, Berline et Van correspondent à des véhicules spécialisés. Contrairement à notre expérience avec les taxis appelés à une borne qui n'arrivent jamais et vous font manquer votre train, aux grandes compagnies qui surtaxent en venant de loin, à l'attente délirante à la sortie de l'aéroport, au refus d'être pris en charge parce que le trajet est trop court ou que ce n'est pas le leur, à la saleté et à la puanteur de certains habitacles, à l'arnaque dont ont été victimes certains amis étrangers qui ont fait du tourisme involontaire, à la rudesse de certains chauffeurs, l'expérience s'est avérée enthousiasmante. Une seule fois la conductrice semblait si novice que nous avons été transformés en moniteurs d'auto-école ! Quant aux cinq questions que pose le Figaro elles méritent réponses : Quel degré de formation du chauffeur ? Si je me réfère à mon expérience des taxis en général je ne vois hélas pas de différence. Quelles preuves de sa sobriété, de son sérieux, de ses «intentions», etc. ? Pour l'instant Uber est beaucoup plus rassurant et probant, on aurait même l'impression d'être un VIP. Quel degré d'entretien de son véhicule par opposition aux taxis et VTC ? Ici encore il n'y a pas photo, propreté exemplaire sur laquelle les taxis parisiens feraient bien de prendre modèle. Quelle couverture en termes d'assurance ? Je ne sais pas répondre à celle-ci, j'imagine qu'en tant que personnes transportées on est couverts... Comment éviter ce type de taxi clandestin hors toute déclaration contrôlable ? Là repose toute la problématique...
Plutôt que d'attaquer Uber qui court-circuite le système frauduleux de la licence monopoliste ne vaudrait-il pas mieux en profiter pour remettre à plat un mode scandaleux qui remonte au début du siècle dernier ? La responsabilité de l'État est entière. Une licence parisienne coûtant actuellement 240 000 euros et se repassant comme une charge de notaire, on comprend la colère des taxis. À noter que la plupart ne peuvent être indépendants, et sont salariés ou franchisés de sociétés qui les exploitent autant, si ce n'est plus, que les 20% de commission d'Uber (le groupe G7 affilie près de 11 000 des 17 000 taxis parisiens !). Cela me rappelle les critiques de certains graphistes reprochant son pouvoir à la Sacem au lieu de prendre modèle sur les musiciens pour défendre leur corporation. L'État limite également de manière absurde le nombre des taxis. À New York où il suffit de lever le bras pour obtenir un taxi jaune on peut constater que les problèmes de circulation liés aux véhicules individuels peuvent être réglés par le nombre de taxis et leur tarif, mis à part le réseau de transport collectif qui fonctionne là-bas 24 heures sur 24.
Quant aux attaques contre les dirigeants d'Uber qui délocalisent leurs profits pour ne pas payer d'impôts en France elles sont justifiées, mais elles concernent l'ultralibéralisme qui profite au capital sur le dos des citoyens et des états. Si l'on veut qu'Amazon, Google, Apple ou nombreuses sociétés et individus cessent de profiter des paradis fiscaux c'est un autre combat, autrement plus grave et plus sérieux que la guerre des taxis. Celui-ci nous verra prendre la rue et nous le ferons à pied !