La cuve à mazout est pleine à ras bord, il reste deux stères de bois dans le jardin, sels aux algues et essences relaxantes sont alignés sur le bord de la baignoire, la couette recouvre le futon, le feu crépite dans l'âtre, tout va bien. Avec ce froid humide qui transforme le macadam en patinoire je n'avais nullement envie de bouger dans les prochains jours, je suis donc sorti faire des courses à Belleville, accumulant les provisions de bouche comme un écureuil fou. En cette saison mes soupes asiatiques sont tout indiquées, encore faut-il que j'ai toutes mes bases, d'où mon escapade à Chinatown. À côté du canard fumé, des tripes laquées, des pattes de poulet en vinaigrette et des légumes extravagants que j'ai encore découverts hier matin, j'ai trouvé des couteaux à environ sept euros le kilo, plutôt rares sur les étals de nos marchés. Il y avait si longtemps que nous n'en avions mangés que nous nous sommes faits une ventrée de ces mollusques crus à l'exquis petit goût de noisette. Comme il se contracte et remue comme un serpent, l'animal doit en rebuter plus d'un, avec son pied qui dépasse du coquillage, ressemblant selon son désir à un long clitoris ou un petit pénis ! On attribue aux huîtres certaines propriétés aphrodisiaques, en est-il de même avec la chair des couteaux ?... 8o))