Suite à mon article sur des séries télé récentes, Michael Lemesre m'a suggéré de regarder La maison Von Kummerveldt, six très courts épisodes réalisés par le cinéaste et producteur allemand Mark Lorei. Je n'ai pas été déçu par ce pamphlet anti-patriarcal tout à fait d'actualité même si l'action se passe à l’avant-veille de la Première Guerre Mondiale, pendant le Second Reich. La défaite française de Sedan qui a marqué la fin de Napoléon III est plusieurs fois évoquée, mais l'orgueil et le conservatisme allemands sont explicitement visés par l'héroïne qui ne pense qu'à faire publier son roman sur la vie d'une prolétaire au service d'aristocrates. Ce culte absurde de la rigueur militaire se poursuivra jusqu'au nazisme. Dans cette satire féroce et provocatrice j'ai évidemment reconnu l'influence de Luis Buñuel, de L'âge d'or au Journal d'une femme de chambre, via Sade, Marx et une drôlerie quasi surréaliste ! La musique du groupe de rock Gurr remet les pendules à l'heure quand apparaît l'intertitre "où comment Louise a guéri de l'hystérie en criant jusqu'à faire exploser son corset à la gueule de la patrie...". Les comédiens sont très bien et la réalisation à la hauteur du scénario corrosif de la jeune Cécil Joyce Röski qui dresse le portrait d'une jeune femme en quête d'émancipation.


La bande-annonce est en V.O., mais sur Arte.tv la série est évidemment sous-titrée, et en accès libre !