jeudi 23 janvier 2025
Des chats, des fous, des imbéciles et des nuisibles
Par Jean-Jacques Birgé,
jeudi 23 janvier 2025 à 03:50 :: Perso
Samedi 1h du matin. Premier sommeil. Je n'ai rien entendu. Par contre les voisins ont été réveillés par le choc. Assez rapides pour apercevoir le SUV repartir en zigzagant, mais pas pour noter son immatriculation. Certains ont cru le voir prendre la fuite en marche arrière, d'autres en marche avant. Dans le premier cas cela signifierait que le conducteur avait emprunté le sens interdit. Si c'est le cas, le salopard l'aura rendu vite fait. Il devait rouler bigrement rapidement pour exploser le scooter, tordre le pilier auquel il est attaché et pousser la voiture garée devant chez nous d'un mètre cinquante en broyant son moteur. Il avait peut-être aussi un coup dans le nez. Je ne pense pas qu'on le retrouvera, même si son tank a dû en prendre un coup.
Le soir même, la petite chatte d'en face avait filé à l'anglaise. Depuis dix ans qu'elle habite là elle n'avait jamais traversé la rue. Extrêmement peureuse, presque invisible pour sa famille d'accueil. Elle se planque au moindre bruit. Pas drôle. Prostrée sous la voiture, nous n'avions pas réussi à la récupérer. Était-elle encore dessous au moment du choc ou avait-elle déjà migré deux voitures plus bas, on ne le saura jamais. Les chats font les quatre cents coups, mais ne racontent jamais rien.
Django a par exemple déserté la maison pendant plus de six mois, n'apparaissant que trois fois par jour à l'heure des repas et repartant aussitôt. Nous étions désespérés, lui qui est si câlin ! Une histoire de jalousie avec la petite Lola fraîchement arrivée ? Et puis lorsque le froid de l'hiver s'est pointé il est revenu comme un cœur, reprenant toutes ses anciennes habitudes comme si de rien n'était. Mieux, il roupille toute la journée comme les deux autres, et ne sort plus aussi souvent chasser. Il en a peut-être soupé du froid et de la pluie qu'il aimait tant ?
La petite Baghera, c'est le nom de la petite écaille de tortue d'en face, est restée prostrée quatre jours et quatre nuits sous la voiture de l'ancien épicier sans que nous arrivions à la récupérer. Je craignais qu'elle meure de froid. Peut-être que la faim la ferait sortir. Marius a fini par l'avoir. Elle a bu, mangé et elle s'est laissée prendre un bain sans sourciller. Elle puait l'essence. Lorsque mes voisins sont absents il arrive que je la nourrisse, elle et Milkidou, le gros chat qui squatte notre cave lorsque ses humains sont trop longtemps absents. Il faut dire qu'il est né là, chez nous, vu que c'était un des petits de notre Oulala. Nous l'avons en quelque sorte en garde partagée, mais il terrorise nos trois zozos.
Des chats il n'y en a pas deux pareils. J'imagine que c'est le cas pour tous les animaux, comme nous, animaux dénaturés qui faisons la loi et pas de la façon la plus sympathique. Je m'interroge de plus en plus sur l'espèce humaine. Faut-il être bête pour se faire la guerre, s'enrichir sur le dos des autres, passer ses nerfs sur ses proches ou ses lointains, trucider les autres espèces, ou voter pour ses bourreaux ! Je ne comprends pas comment nous acceptons d'être guidés par des fous, des imbéciles et des nuisibles. Lâches ou suicidaires, pour revenir à l'accident de samedi soir...