Mathilde et Pascale ont poussé les meubles pour danser la gavotte sur le cd de l'Acoustic Quartet de Jacky Molard. C'est Elsa qui m'a fait découvrir ce très bel album du violoniste en compagnie de la contebassiste Hélène Labarrière, du saxophoniste Yannick Jory et de l'accordéoniste Janick Martin, paru chez innacor (l'autre distribution). Il doit exister dans mes archives quelques photos où Jacky et Hélène improvisaient avec Hervé à la guitare et Michèle à l'accordéon tandis qu'Elsa se tordait dans tous les sens sur son trapèze. Elle retrouve dans les rythmes balkaniques cette puissance du groupe, l'ivresse de la fête, la sueur bien portante des pas partagés, mais aussi le blues tzigane qui flanque des frissons tout le long de la colonne vertébrale. La bande à Molard slalome chez ses cousins, ignorant les frontières, assumant leur culture, agrémentant leurs ritournelles d'improvisations jazz, de compositions savantes avec une grande vivacité.
J'ai toujours préféré la musique bretonne au panceltisme world qui écrabouille les racines pour en faire une tisane qui soigne tout, qui soigne rien. Je suis un grand admirateur du Nusrath breton qu'est Lors Jouin et des spirituels Ours du Scorff dont il est l'un des piliers avec Gigi Bourdin. Je fonds devant les pulsions ancestrales que développent les bagadoù, ces orchestres créés à la fin de la seconde guerre mondiale, composés de nombreux sonneurs (bombardes et cornemuses) accompagnés par la batterie bretonne dont les caisses claires cinglantes claquent comme si l'on battait un jeu de cartes en bois tranchantes. Sur scène, Lors alternait aussi des gwerzioù, ballades tragiques qu'il avait collectées dans toute la Bretagne, et des commentaires explicatifs en français à pisser de rire. J'attends donc avec impatience le cd que "le barde" a récemment sorti avec l'accordéoniste Robert Kervran et le dvd qui recèle certainement des trésors !