Signe de l'attention prêtée au son dans les productions audiovisuelles, mon nom a sauté parmi les crédits détaillés des page 5 et 6 du joli livret. Ce regrettable oubli me pousse à publier le jingle dont j'ai composé la musique. Il annonce la collaboration de l'Opéra-Comique et de FRA, société de François Roussillon spécialisée dans la mise à l'écran de spectacles opératiques.
Grâce à la recommandation d'Étienne Auger qui a réalisé les animations graphiques d'après Grandville, j'ai également monté les deux boucles musicales tirées de l'opéra faisant l'objet de ce DVD. Il s'agit de Dido and Æneas (Didon et Énée) de Henry Purcell, mis en scène par Deborah Warner, dirigé par William Christie à la tête des Arts Florissants et filmé par François Roussillon. Hors l'excellence de tous les protagonistes, je rêve d'une interface plus adaptée au support qu'une simple citation de trente secondes mise en boucle. Le soin apporté au jingle montre la voie vers un authoring sonore plus inventif, servant l'habillage et la navigation au même titre que le travail sur l'image.
Même si la synchronisation que j'avais livrée n'est pas celle que je découvre ici (l'oiseau n'apparaissait que sur les quatrième et cinquième notes, jouant sur un temps d'attente "dramatique" disparu de la version définitive), mon clin d'œil à Norman McLaren n'a pu qu'enchanter Jérôme Deschamps, directeur de l'Opéra-Comique et fan de Jacques Tati. Choisissant d'être simple en amorce des boucles orchestrales, j'ai affecté à chaque logo un instrument, la flûte pour l'oiseau, le violoncelle pour l'ouïe en f, en terminant par la rencontre des deux. Cette première collaboration sera bientôt suivie par Carmen de Bizet et L'étoile de Chabrier dans cette collection fort recommandable.
J'adore travailler sur des commandes, d'abord parce que cela me permet de m'alimenter, tant au niveau du réfrigérateur que des sollicitations artistiques, ensuite parce que les contraintes sont un défi excitant à relever. En tant que compositeur il y a très peu de différence entre les œuvres de commande et les œuvres personnelles tant que mon esprit critique peut s'exprimer. Sans cette liberté je rends mon tablier. Quel que soit le contexte je sers un propos, ce que j'illustrai très bien en nommant mon travail avec le Drame "musique à propos". Il faut mettre un pied dans la porte et faire avancer une chose ou une idée, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Les gains vont de un à un. On peut découvrir la musique du rideau d'eau de Peugeot dont Éric Dalbin a récemment mis la vidéo en ligne sur son site, dans une version courte et une complète. Cette dernière donne tout son sens à mon travail de composition.