Encore une journée détournée de mes bonnes intentions ! Je me lève tôt en me promettant que je vais me reposer, m'allonger pour lire et farniente. J'ai travaillé jusqu'à 3 heures 30 du matin sur le nouveau site du Drame que Jacques concocte avant de partir pour la Corse.
Après la lecture rituelle des deux quotidiens qui tombent dans la boîte aux lettres aux alentours de 6h30, je fais quelques courses comme un jour férié après être passé voir ma tante Arlette Martin pour récupérer un exemplaire du livre qui lui est consacré et dont j'ai rédigé la préface. Ses initiales AM laissent imaginer qu'il s'agit aussi de celles de l'Artiste Muraliste.
Halte à Chinatown où je trouve toutes sortes de petites aubergines, certaines grosses comme des petits pois, d'autres blanches ou jaune canari. Même sans connaître les légumes extraordinaires exposés sur les rayons de Belleville on imagine très bien comment les cuire, haricots thaï, épinards bizarres ou le nerf de bœuf dont la tendresse n'apparaît qu'à la cuisson. Pour le crabe cru en saumure, gluant, c'est si bon à sucer.
Autour du métro, je suis surpris par la nouvelle faune qui a envahi les trottoirs cet été, ostentatoires femmes mûres bras ballants renvoyant un portrait terrible de la misère et de l'exploitation. La communauté chinoise est en train de se transformer, c'en est l'un des signes.
Emporté par mon élan, je commence à scanner les pochettes de la trentaine de mes disques dans une meilleure résolution qu'en 1997 lorsque Étienne Mineur chez Hyptique avaient réalisé la première version du site drame.org. Les 33 tours, trop grands, réclamant qu'on les photographie je m'énerve contre les erreurs de parallaxe quand FRA me demande de fabriquer de jolies boucles pour Carmen de Bizet, leur prochain DVD pour lequel Etienne Auger dessine l'interface. Évidemment c'est urgent, à faire toute affaire cessante !
Comme je suis un garçon raisonnable, je commence à faire des projets de vacance pour demain, mais Sonia m'apprend que Pierre Oscar a été obligé de reprendre complètement le Véronèse réalisé en mars et, catastrophe pour mon planning doigts de pieds en éventail, le nouveau film passe de 4'47 à 9'36. Cela signifie que je dois entièrement reprendre la partition sonore dont la scénarisation épouse avec minutie les mouvements de la caméra. Pour m'avancer sur le montage et le mixage, je ralentis le quatuor à cordes que j'avais composé en faisant passer la noire de 120 à 110 et en humanisant l'interprétation virtuelle par des artifices aléatoires ou contrôlés. Un peu des deux, comme sel et poivre, huile vinaigre, aigre-doux... La différence avec "dans le temps", c'est que j'arrive à faire tout en douceur. N'empêche ! C'est comment qu'on freine ?

Illustration de Massimo Mattioli extraite du livret du CD Qui vive ?