C'était il y a moins d'un an à La Ciotat. Était inaugurée une sculpture à la mémoire des camarades des chantiers navals tombés pour la Résistance. Rosette et Jean-Claude, fidèles au poste, riaient tout de même avec nous de la cérémonie, nos shorts contrastant avec ses pompes, et du lourd monument qui ne risquerait pas de s'envoler. Rosette a toujours aimé rigoler. Pour la caractériser, j'emploierais les mots rigolade et résistance. Dans le film de sa fille Françoise, elle revendique d'avoir eu une bonne vie et d'avoir été beaucoup aimée. C'est vrai. Elle savait se battre, mais le cancer qui l'a emportée n'a pas traîné. Nous aurions dû comprendre les signes avant-coureurs, mais elle n'aimait pas se plaindre. On pensait Rosette invincible, mais la mort n'est pas une étrangère. On vit avec. Le seul ennemi est le renoncement des vivants, leur démission devant l'adversité. Rosette a su nous donner des leçons de vie, le goût du combat, de la légèreté et du plaisir partagé.