Bref survol de quelques films vus récemment à la télé, au cinéma ou en dvd, et qui ne feront l'objet d'aucun billet particulier... En vrac, à profusion et arbitrairement...
Ceux de 2010 :
Benda Bilili !** de Renaud Barret et Florent de La Tullaye, leçon de vie par un orchestre de musiciens congolais handicapés, sur le conseil de ma tante Arlette Martin, les bonus de ce film musical justifient l'achat du DVD
Le discours d'un roi (The King's Speech)* de Tom Hooper, beau numéro d'acteurs noyé dans de l'alexandredesplatitude
Hors-la-loi** de Rachid Bouchareb, bien meilleur que Indigènes et indispensable pour comprendre un passage caché de l'Histoire de France, Djamel Debbouze y est formidable
Les petits mouchoirs** de Guillaume Canet, un nouveau Sautet ou Lelouch qui se laisse regarder avec plaisir grâce à l'admirable jeu des comédiens, comme le précédent sur le conseil de Nicolas Clauss
Winter's Bone* de Debra Granik, plus drame que polar, bien poisseux, pas ma tasse de thé mais vraie ambiance
Inception* de Christopher Nolan, pour l'action et le Rubik's Cube du scénario
The Green Hornet° de Michel Gondry, catastrophique pantalonnade
The Social Network* de David Fincher, si vous ne connaissiez déjà l'investissement libidinal des sales gosses devenus les manitous du Net de de l'informatique
Black Swan° de Darren Aronofsky, un cliché machiste de l'univers de la danse assez tape-à-l'œil pour faire illusion, semble-t-il
Tamara Drewe** de Stephan Frears, sur le conseil d'Anna Prangenberg, une comédie réussie inspirée d'une célèbre BD
contrairement aux Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec°, plus nul tu meurs, une honte de plus à l'actif de Luc Besson, un sacrilège
Gainsbourg (Vie héroïque)° de Johann Sfar, sans grand intérêt, mieux vaut acquérir les clips publiés en DVD par Universal plutôt que ce manège de faux sosies
Detective Dee and the Mystery of the Phantom Flame* de Tsui Hark, prise en charge garantie, heroic fantasy avec des baguettes
City of Life and Death (Nanjing! Nanjing!)* de Lu Chan, épopée manichéenne chinoise anti-japonaise en noir et blanc, fastidieux
Tournée** de Mathieu Amalric, magnifiques premières trente minutes, mais la suite est paresseuse
Vénus noire° de Abdellatif Kechiche, c'est malhonnête de ma part d'en parler, j'ai calé à la moitié tant je m'ennuyais ; fiction de gauche, "le cinéma du réalisme citoyen" que critique Laurent Dubreuil dans les derniers Cahiers du Cinéma représente bien "le cinéma révisionniste" fustigé par Alain Badiou (dont les écrits sur le cinéma ont été récemment publiés)
Solutions locales pour un désordre global*** de Coline Serreau, le sujet est trop important pour que je n'en fasse pas un billet à part entière, à suivre
L'année précédente :
À l'origine*** de Xavier Giannoli, un film superbe qui nous interroge sur la manipulation des cerveaux disponibles dont nous pourrions être tous victimes à force d'illusions perdues, Cluzet en grande forme
I Love You Philip Morris** de Glenn Ficarra et John Requa, comédie irrésistible avec Jim Carey en escroc de haut vol, une histoire d'amour entre deux hommes, inspirée d'une histoire vraie comme le précédent
Le roi de l'évasion*** d'Alain Guiraudie, son meilleur de très loin, aucun poncif, du cousu main, à voir absolument comme celui de Giannoli
Violent Days** de Lucile Chaufour, un autre film français qui évite la sempiternelle bourgeoisie se répandant sur tous les écrans, la réalisatrice filme une classe sociale rarement vue au cinéma, prolos du Havre nostalgiques du rock 'n roll, le noir et blanc participe à la fusion de la fiction et du documentaire, et puis elle chante bien, rare chez les cinéastes
La cour des plaignants** de Zhao Liang, intéressante plongée dans la corruption chinoise filmée sur dix ans, terrible
Chéri° de Stephan Frears, adaptation de Colette totalement ratée, contrairement aux deux autres films du même cités ici
Chloe** d'Atom Egoyan, pour une fois bien meilleur remake que l'original (Nathalie* d'Anne Fontaine), contrairement à ce qu'a prétendu la critique ; à comparer les deux, bonne leçon de scénario grâce aux détails pour cette œuvre de commande
Et les plus anciens, par ordre chronologique inverse :
La révélation** de Hans Christian Schmid (2009), cette étonnante fiction est une dénonciation des magouilles politiques du Tribunal de La Haye autour des atrocités perpétuées en Bosnie
Missing (Sam hoi tsam yan)°, psycho-thriller de Tsui Hark (2008), si l'on fait abstraction du sirop mélo
7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows...)** de Sidney Lumet (2007), excellent polar avec Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke en mauvais fils
Ghosts of Cité Soleil** de Asger Leth et Milos Loncarevic (2006), musique de Wyclef Jean et Jerry "Wonder" Duplessis, documentaire époustouflant sur les bandes en Haïti du temps d'Aristide
Les faussaires* de Stefan Ruzowitzky (2006), intéressante anecdote historique sur des faux-monnayeurs juifs au service des Nazis
Les pommes d'Adam (Adams Äpplen)*** de Anders Thomas Jensen (2005), sur le conseil d'Anna, comédie dramatique politiquement incorrecte danoise qui mérite d'être redécouverte (et des pas mûres)
Imposture** de Patrick Bouchitey (2005), la classique intrigue en milieu littéraire est développée de manière originale, pas étonnant du réalisateur-comédien de Lune froide, intéressante approche du masochisme
Broken Wings** de Nir Bergman (2002), sur le conseil de Lucien Alfonso, très beau film israélien sur le désarroi de la jeunesse
Dirty Pretty Things*** (2002) de Stephen Frears, excellent polar londonien dans le monde des sans-papiers clandestins
La chatte à deux têtes** de Jacques Nolot (2002), film gonflé, entendre qu'il peut choquer beaucoup de monde car Nolot montre essentiellement les spectateurs d'un porno dans l'obscurité avec le ballet des travestis qui leur tournent autour, le film passe bien mais ça fait un peu mal
Chaos*** de Coline Serreau (2001), un de ses meilleurs films, Françoise m'en parlait depuis longtemps, la prostitution sous toutes ses formes, entre le thriller et la comédie de mœurs
Le huitième jour*** de Jaco van Dormael (1995), comédie salutaire où l'aspect populaire n'interdit pas la fantaisie
Once more (Encore)** de Paul Vecchiali (1988), cinéaste mésestimé ou méconnu avec pourtant à son actif plus de 50 longs métrages, une œuvre, inventive et subversive, coming out avec réminiscences ici de Jacques Demy, j'ai vu énormément de ses films dans les années 70-80 (Femmes femmes****, Corps à cœur****, Change pas de main**, La machine*...), mais j'ai découvert cet incontournable grâce à Fabien Béziat
Mon oncle d'Amérique*** d'Alain Resnais (1980), bien meilleur que dans mon souvenir, même si la psychanalyse est évacuée au profit des théories de Laborit, pourquoi faut-il toujours opposer au lieu de jouer les complémentaires ?
Série noire** d'Alain Corneau (1979), vu à l'occasion de sa mort sur le conseil de Pierre Oscar Lévy, dialogues de Georges Perec, déprimant et très réussi
Le malin (Wise Blood)° de John Huston (1979), il faut être nord-américain pour apprécier le délire préchi-précha
Affreux, sales et méchants° d'Ettore Scola (1976), le gros comique bien gras, même critique, m'est insupportable
Le privé (The Long Goodbye)*** de Robert Altman (1973), revu sur le conseil d'Elisabeth Lequerret, drôlement bien
L'attentat* d'Yves Boisset (1972), revu sur le conseil de Jacques Perconte, pas mal
Ubu enchaîné** de Jean-Christophe Averty (1971), un peu lourd, mais décapant
Mickey One*** d'Arthur Penn (1965), mon souvenir ne m'a pas trahi, super polar avec en plus la machine de Tinguely qui s'autodétruit en feu d'artifices
Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird)*** de Robert Mulligan (1962), sur le conseil de Vincent Segal, formidable pamphlet anti-raciste, les deux jeunes héros jouent aussi génialement que ceux de La nuit du chasseur****, étrangement méconnu en France
Po zakonu (Dura Lex)*, western constructiviste de Lev Koulechov (1926), décors d'Alexandre Rodchenko, moins enthousiasmant que nous l'espérions
Idem avec le premier volume de L'usage du monde*, où officient Julien Samani (Les hommes de la forêt 121, 2007), Serguei Loznitsa (Lumière du Nord, 2008), Wang Bing (L'argent du charbon, 2008) et évidemment Stéphane Breton (La maison vide, 2008, et La montée au ciel, 2009) dont les documentaires n'ont pas l'originalité de ses précédents***, c'est fort mais la complicité a fait place à la contemplation
La série Bored to Death* est sympa si l'on ne regarde qu'un épisode à la fois (26') de cette comédie déjantée, humour juif new yorkais, fumette et petites pépés, le générique est superbe comme souvent dans les séries américaines. On peut préférer Californication* ou, mieux, Breaking Bad**...
J'en oublie forcément.
En dehors de la saison 4 de Mad Men*** et de l'intégralité des comédies transgressives américaines**** conseillées par Jonathan Rosenbaum (dont le site est une mine), ceux qui m'ont véritablement accroché sont en rubrique Cinéma & DVD**** !

**** Chef d'œuvre *** A voir absolument ** A voir * Pourquoi pas ° À éviter