Interfaces est un récit interactif sur le design multi-écran, vu à travers 43 projets et 17 regards croisés de chercheurs et designers. Réalisée par Les Designers Interactifs et La Fracture Numérique dans le cadre d’Adobe Live – La Creative Week, l'exposition de l'Atelier Richelieu se double d'un site Internet où sont présentées les vidéos des intervenants.
Imaginer l'avenir est un jeu d'enfant pour qui s'y penche sérieusement. Regardez le sourire en coin des inventeurs et les sourcils froncés des responsables ! Les uns et les autres sont partagés entre le désir de voir leurs rêves se transformer en réalité et le doute que les usages se conforment à leurs pronostics. La question que le commissaire de l'exposition, Benoît Drouillat, pose à tous est ambiguë. "Le multi-écran" est-il la multiplication des tablettes et téléphones intelligents ou l'embouteillage des informations rassemblées sur un écran géant ? Est-ce un défi aux indispensables économies d'énergie ou une référence artistique au Napoléon d'Abel Gance et au light-show psychédélique ? N'est-ce pas prendre le sujet par le mauvais côté de la lorgnette ? De quoi avons-nous réellement besoin ? De quelles impossibilités naîtra le réel ?
Il est dommage qu'ici encore une seule fille (Amélie Boucher) témoigne au milieu de la cohorte de garçons aux front dégarni et cheveux argentés (Emmanuel Alix, Giuseppe Attoma, Rémy Bourganel, Frédéric Cavazza, Jean-Louis Fréchin, Lucas Grolleau, Pierre-Damien Huyghe, Romain Landsberg, Arnaud Mercier, Vincent Puig, Matthieu Savary, David Serrault, Eric Scherer, Stéphane Vial, Simon White et moi-même). La sensibilité féminine offre des ouvertures que la mâle passion pour les nouvelles technologies néglige. Si le design est un art appliqué, il concerne pourtant le quotidien des hommes comme des femmes.
Les rubriques s'organisent selon les affinités de chacun : architecture et espace, design sonore, jeux, médias et contenus digitaux, objets connectés, services.
Interrogé sur le projet FluxTune (2'26) réalisé avec Frédéric Durieu, je filme une petite démonstration (1'54) de notre instrument de composition musicale atypique, conçu pour être utilisé sans apprentissage, du moins tel que les musiciens l'entendent.


Après une brève tentative d'explication (plus détaillée ici !) sur notre création qui est toujours inédite bien que nous l'ayons conçue dès 2004, j'aborde le geste instrumental (2'59) et m'interroge sur le thème imposé (1'45).

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En regardant les trois vignettes de mes contributions vidéographiées par Marina Wainer je ne peux m'empêcher de penser aux mimiques d'Yvette Guilbert commentant en images L'art de chanter une chanson (Ed. Bernard Grasset, 1928). Joignant la parole au geste, je lance simultanément les trois vidéos (essayez à votre tour !) et je note au fur et à mesure les mots qui ressortent du tintamarre ubique, me souvenant cette fois des expérimentations de George Ives, père du compositeur Charles Ives, qui avait fait jouer dans des tonalités différentes deux fanfares, marchant depuis chaque extrémité de la rue principale pour qu'il puisse inscrire les notes au fur et à mesure qu'elles lui parvenaient !
Cette fantaisie iconoclaste ne serait-elle pas ma véritable réponse au sujet du multi-écran ?