Pour sa délicatesse à donner toute leur importance aux choses infimes du quotidien, pour l'intensité de ses rendez-vous manqués, pour son traitement social de l'inconscient, pour son observation perspicace des femmes dans un monde dominé par les mâles, le film de Ritesh Batra me rappelle les romans d'Arthur Schnitzler. Filiation évidente, le cinéaste indien se réclame de Milan Kundera dans le passionnant entretien en bonus du DVD que Blaq Out vient de publier. L'originalité de The Lunchbox n'a pas empêché ce film indépendant de toucher un large public plus habitué au faste des comédies dramatiques bollywoodiennes.


Cette romance née de l'erreur réputée quasi impossible (1 sur 16 millions) d'un livreur de repas, un dabbawallah, a provoqué un succès inattendu en Inde. L'éloignement des deux correspondants épistolaires est magnifié par toute une série de hors-champs telle la voisine au dessus de chez Ila que l'on ne fait qu'entendre. Le parfum de la cuisine concoctée amoureusement par cette femme a priori dévouée à son mari distant a raison de la bougonnerie du récent retraité alors que le spectateur ne peut que rêver ces mets fins qui mettent l'eau à la bouche. Les personnages, tel le jeune assistant qui n'aspire toujours qu'à mieux faire, sont habités par une humanité méprisée par tant de films catastrophistes et dépressifs. The Lunchbox délivre une délicieuse impression d'espoir qui ne devrait jamais nous quitter...