Lundi et mardi, après un puis deux articles sur des disques qui viennent de sortir, je n'avais pas envie que l'on me prenne par erreur pour un journaliste. D'autant que les semaines passées j'avais chroniqué ceux d'André Minvielle, Michèle Buirette, Daniel Erdmann, Ursus Minor, l'ONJ, plus l'exposition Hergé au Grand Palais et celle sur le rêve à Marseille, sans compter les DVD, etc. Mon actualité de compositeur étant plus calme depuis la rentrée de septembre, je ne m'activais pas moins en studio où je prépare plusieurs albums...
C'est donc au jardin que je me retrouvai face à moi-même, moment de détente que j'alterne avec la position allongée sur le dos, comme me le conseille mon kiné Mézières. Le matin et/ou le soir je profite du sauna que nous venons d'y installer et qui m'oblige à rester tranquille pendant une bonne vingtaine de minutes !


Car je ne tiens pas en place. Hyperactif, incapable de procrastination, je fais ce qui est à faire à l'instant où j'y pense ou si l'on me sollicite. Cela commence très tôt le matin alors que j'éteins bien tard le soir. L'automne m'occupe aussi à balayer les feuilles qui se ramassent à la pelle. Le charme perd ses fleurs, et persifleur, je dirais que le vent est tel qu'il en tombe autant derrière moi que j'en balaie devant. Elles ressemblent à de minuscules feuilles d'érable à trois folioles. Je lis que ce sont en réalité des fruits, akènes ligneux de 3 à 6 mm de long, attachés à une bractée en forme de feuille trilobée qui forme une aile favorisant leur dispersion... Je déverse tout cela dans le compost que Françoise a installé intelligemment et qu'alimentent gentiment deux ou trois voisins.


Je fuyais le journalisme et me voici botaniste (ou composteur de musique, comme le suggère ma cousine Susy), m'éreintant stupidement alors que Fiona m'a délivré une séance géniale de shiatsu le matin-même. En ce qui concerne mes articles, je tiens à préciser encore une fois qu'il s'agit pour moi d'un acte militant face à la faillite de la profession. J'adore découvrir de nouveaux talents, défendre des artistes méconnus victimes de l'injustice du système, donner un coup de pouce aux plus jeunes, en résumé transmettre avec la même énergie et la même foi ce que les aînés qui ne sont plus là ont eu la générosité de me léguer. Pensée récurrente à mon papa qui vit au dessus de mon épaule comme un Jiminy le criquet, à Frank Zappa qui m'a mis le pied à l'étrier, à Jean-André Fieschi qui m'a tant appris et donné le moyen de continuer à apprendre, à Bernard Vitet qui fut mon camarade et mon complice pendant plus de trente ans... Les autres se reconnaîtront dans la longue liste cachée sous les crédits de drame.org !


Je me réfugie donc dans la petite baraque au fond du jardin pour suer un bon coup avant douche glacée. La pseudo chromothérapie me suggère de choisir le rouge lorsque je souhaite doper mon métabolisme et le bleu pour me reposer. Voilà ainsi plusieurs nuits où je dors d'une traite pour avoir branché les infrarouges après le film, un peu avant d'aller me coucher... J'ignore si le sauna me fatigue ou me dynamise, ou peut-être les deux, mais je me sens incroyablement mieux depuis quelque temps, malgré les mauvaises nouvelles que l'actualité ne cesse d'apporter et qu'il est indispensable de combattre, même en pure perte.