Jean-Jacques Palix me fait l'honneur et le plaisir de consacrer un article et deux émissions au label GRRR que j'ai fondé en 1975. Dès le générique je me sens en terrain connu, un montage radiophonique comme je les adore. Palix monte la musique d'Un Drame Musical Instantané et des invités de mes projets ultérieurs en remixeur inventif et sensible. Bonne pioche ! J'entends les vinyles d'Amandine Casadamont, le grand orchestre du Drame dans les années 80, la cornemuse de Youenn Le Berre, une plongée dans le futur, le cor de Nicolas Chedmail, toutes les voix du monde, la guitare de Francis Gorgé et Bernard Vitet au piano, mon duo avec Antonin-Tri Hoang à la clarinette basse où je joue de la cythare inanga achetée à Stockholm en 1972, je m'y perds... Aucune chronologie, mais une logique que Palix a su percevoir, l'essence au delà du sens, à tel point qu'en l'écoutant je me suis dit plusieurs fois "mais c'est moi qui ai fait ça ?". Quiz en miroir de ma propre vie. Je crois parfois en saisir le fil, mais le labyrinthe se fait de plus en plus énigmatique. Une chanson avec Sacha Gattino et Birgitte Lyregaard. Palix a choisi des pièces qui ressemblent à la nuit. J'ai l'impression qu'il a officié comme je pratique moi-même, dirigé par une inspiration magique qui délivre une logique où tout s'enchaîne naturellement comme par enchantement. Mes Perspectives du XXIIe siècle sont particulièrement présentes. Hélène Sage et Bernard Vitet, supposons le problème résolu. La caisse claire de Gwennaëlle Roulleau. El Strøm. Palix scratcherait-il mon ciboulot ? Va-et-vient de l'ordre au chaos, remix d'archives où les cartes sont battues et rebattues. Je repense à la phrase de Cocteau : "Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". Le violon de Jean-François Vrod se pose sur Brăiloiu. Le violoncelle de Vincent Segal réfléchit mon Tenori-on. L'extravagance de Médéric Collignon dans le mixeur du H3000. Un ballon de baudruche. L'accordéon de Pascal Contet. Mon tombeau par Sacha... Le portrait représente-t-il le peintre ou son modèle ?

L'émission Epsilonia de janvier 2024 dévolue aux musiques du label GRRR, mixée par Amiel Balester, est sur Radio Libertaire. Plus de deux heures de programme radiophonique rapportées sur le blog de Palix, Beyond The Coda : Part 1 + Part 2. Pour l'image il a choisi le logo du label dessiné par Raymond Sarti, un coup de tampon qui a résisté à l'usure des années. Un demi-siècle d'une passion qui jamais ne faiblit.